LEE UFAN VERSAILLES
commissaire: Alfred Pacquement
Chateau de Versailles
17/6/2014 - 2/11/2014
Après Giuseppe Penone l’année dernière, l’artiste invité à Versailles pour l’été et l’automne 2014 est le peintre et sculpteur d’origine coréenne Lee Ufan. Dans le château et surtout dans les jardins, les formes sculpturales intenses et silencieuses de l’artiste vont venir se poser au pied de l’Escalier Gabriel, dans la perspective majestueuse dessinée par Le Nôtre ainsi qu’au détour des allées et des mystérieux bosquets, complétant et modifiant pour un temps l’atmosphère des lieux.
Né en 1936 en Corée du Sud, dans un village de montagne, Lee Ufan a d’abord été initié à la culture traditionnelle chinoise. Sa formation, ancrée dans la tradition extrême-orientale, l’a dans un premier temps dirigé vers la littérature et l’écriture. Après s’être installé au Japon dès l’âge de 20 ans, il étudie la philosophie, s’engage politiquement en faveur d’une réunification des deux Corées. Il entame à la même époque son parcours artistique, s’intéressant à l’abstraction gestuelle d’un Jackson Pollock tout en étudiant parallèlement la peinture traditionnelle japonaise.
Son activité de critique et de théoricien va être remarquée au même titre que ses expérimentations esthétiques lorsqu’il devient l’un des protagonistes du mouvement artistique intitulé Mono-Ha, terme que l’on peut traduire par “ l’École des choses”.
Selon la définition de Lee Ufan, fondateur et théoricien de ce groupe d’artistes japonais, son principe était “ d’utiliser une chose sans rien y ajouter. Ils prenaient et assemblaient des matériaux industriels, des objets quotidiens, des objets naturels, sans les modifier. Cette méthode ne consistait pas à se servir des choses et de l’espace pour réaliser une idée mais est venue à vrai dire de la volonté de faire vivre divers éléments dans les rapports qu’ils entretiennent entre eux ”. Le Mono-Ha apparaît dans les mêmes années que les tendances européennes ou nord américaines regroupées au sein de l’Arte Povera, Supports-Surfaces ou Land Art, toutes manières de repenser les fondements mêmes de la sculpture ou de la peinture. Le Mono Ha est par bien des façons leur équivalent dans un autre contexte géoculturel et entretient d’évidents points communs avec ces autres artistes dans la liberté d’usage des matériaux comme dans la réduction formelle.
Les sculptures de Lee Ufan mettent en oeuvre le plus souvent la confrontation entre deux matériaux : des plaques d’acier et des pierres naturelles. Elles portent le terme générique de “ Relatum ”, exprimant que l’oeuvre d’art n’est pas une entité indépendante et autonome, mais qu’elle n’existe qu’en relation avec le monde extérieur. Pour Lee Ufan l’acte du sculpteur consiste, en réponse à une évolution de l’art qui après des millénaires d’objets fabriqués par la main de l’homme s’est ouvert à l’objet industriel et au ready made, à critiquer l’hyper productivité du monde contemporain. Lee Ufan a choisi de lier le faire et le non faire. Il part du principe que “ voir, choisir, emprunter ou déplacer font déjà partie de l’acte de création ”. Il relie la nature à la conscience humaine avec une simple plaque de fer en dialogue avec une pierre. Il peut aussi déployer des plaques d’acier mat en une structure linéaire debout ou couchée, dont les ondulations répondent à l’espace investi.
À Versailles l’artiste va installer une dizaine d’oeuvres, toutes entièrement nouvelles et pour certaines aux dimensions inusitées en réponse aux espaces des jardins. Derrière leur vocabulaire formel particulièrement réducteur, il en émanera une réelle diversité, certaines configurations étant complètement inédites dans son oeuvre. L’exposition va donc prendre date en marquant un événement important dans la sculpture de Lee Ufan confrontée à ces lieux exceptionnels.
C’est l’un des artistes majeurs de la scène contemporaine qui va ainsi être révélé avec ampleur dans le cadre prestigieux de Versailles, après que des rétrospectives de son oeuvre aient été présentées à la Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris en 1997-98 ou au Solomon R. Guggenheim Museum de New York en 2011.
Ou encore qu’un musée qui lui est consacré, dû au grand architecte japonais Tadao Ando, ait été inauguré sur l’Ile de Naoshima en 2010. Lee Ufan a par ailleurs été lauréat du prestigieux Praemium Imperiale au Japon et ses oeuvres sont conservées dans de nombreux musées internationaux dont le Centre Pompidou.
Lee Ufan vit à Kamakura au Japon mais il entretient des relations étroites avec la France où il travaille depuis une vingtaine d’années dans son atelier parisien. Il y a souvent présenté ses oeuvres et sa récente exposition à la galerie kamel mennour a été très remarquée. C’est donc un artiste familier de la scène française qui occupe pour un temps les jardins de Versailles.
Alfred Pacquement
Commissaire de l’exposition Lee Ufan Versailles
commissaire: Alfred Pacquement
Chateau de Versailles
17/6/2014 - 2/11/2014
Après Giuseppe Penone l’année dernière, l’artiste invité à Versailles pour l’été et l’automne 2014 est le peintre et sculpteur d’origine coréenne Lee Ufan. Dans le château et surtout dans les jardins, les formes sculpturales intenses et silencieuses de l’artiste vont venir se poser au pied de l’Escalier Gabriel, dans la perspective majestueuse dessinée par Le Nôtre ainsi qu’au détour des allées et des mystérieux bosquets, complétant et modifiant pour un temps l’atmosphère des lieux.
Né en 1936 en Corée du Sud, dans un village de montagne, Lee Ufan a d’abord été initié à la culture traditionnelle chinoise. Sa formation, ancrée dans la tradition extrême-orientale, l’a dans un premier temps dirigé vers la littérature et l’écriture. Après s’être installé au Japon dès l’âge de 20 ans, il étudie la philosophie, s’engage politiquement en faveur d’une réunification des deux Corées. Il entame à la même époque son parcours artistique, s’intéressant à l’abstraction gestuelle d’un Jackson Pollock tout en étudiant parallèlement la peinture traditionnelle japonaise.
Son activité de critique et de théoricien va être remarquée au même titre que ses expérimentations esthétiques lorsqu’il devient l’un des protagonistes du mouvement artistique intitulé Mono-Ha, terme que l’on peut traduire par “ l’École des choses”.
Selon la définition de Lee Ufan, fondateur et théoricien de ce groupe d’artistes japonais, son principe était “ d’utiliser une chose sans rien y ajouter. Ils prenaient et assemblaient des matériaux industriels, des objets quotidiens, des objets naturels, sans les modifier. Cette méthode ne consistait pas à se servir des choses et de l’espace pour réaliser une idée mais est venue à vrai dire de la volonté de faire vivre divers éléments dans les rapports qu’ils entretiennent entre eux ”. Le Mono-Ha apparaît dans les mêmes années que les tendances européennes ou nord américaines regroupées au sein de l’Arte Povera, Supports-Surfaces ou Land Art, toutes manières de repenser les fondements mêmes de la sculpture ou de la peinture. Le Mono Ha est par bien des façons leur équivalent dans un autre contexte géoculturel et entretient d’évidents points communs avec ces autres artistes dans la liberté d’usage des matériaux comme dans la réduction formelle.
Les sculptures de Lee Ufan mettent en oeuvre le plus souvent la confrontation entre deux matériaux : des plaques d’acier et des pierres naturelles. Elles portent le terme générique de “ Relatum ”, exprimant que l’oeuvre d’art n’est pas une entité indépendante et autonome, mais qu’elle n’existe qu’en relation avec le monde extérieur. Pour Lee Ufan l’acte du sculpteur consiste, en réponse à une évolution de l’art qui après des millénaires d’objets fabriqués par la main de l’homme s’est ouvert à l’objet industriel et au ready made, à critiquer l’hyper productivité du monde contemporain. Lee Ufan a choisi de lier le faire et le non faire. Il part du principe que “ voir, choisir, emprunter ou déplacer font déjà partie de l’acte de création ”. Il relie la nature à la conscience humaine avec une simple plaque de fer en dialogue avec une pierre. Il peut aussi déployer des plaques d’acier mat en une structure linéaire debout ou couchée, dont les ondulations répondent à l’espace investi.
À Versailles l’artiste va installer une dizaine d’oeuvres, toutes entièrement nouvelles et pour certaines aux dimensions inusitées en réponse aux espaces des jardins. Derrière leur vocabulaire formel particulièrement réducteur, il en émanera une réelle diversité, certaines configurations étant complètement inédites dans son oeuvre. L’exposition va donc prendre date en marquant un événement important dans la sculpture de Lee Ufan confrontée à ces lieux exceptionnels.
C’est l’un des artistes majeurs de la scène contemporaine qui va ainsi être révélé avec ampleur dans le cadre prestigieux de Versailles, après que des rétrospectives de son oeuvre aient été présentées à la Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris en 1997-98 ou au Solomon R. Guggenheim Museum de New York en 2011.
Ou encore qu’un musée qui lui est consacré, dû au grand architecte japonais Tadao Ando, ait été inauguré sur l’Ile de Naoshima en 2010. Lee Ufan a par ailleurs été lauréat du prestigieux Praemium Imperiale au Japon et ses oeuvres sont conservées dans de nombreux musées internationaux dont le Centre Pompidou.
Lee Ufan vit à Kamakura au Japon mais il entretient des relations étroites avec la France où il travaille depuis une vingtaine d’années dans son atelier parisien. Il y a souvent présenté ses oeuvres et sa récente exposition à la galerie kamel mennour a été très remarquée. C’est donc un artiste familier de la scène française qui occupe pour un temps les jardins de Versailles.
Alfred Pacquement
Commissaire de l’exposition Lee Ufan Versailles