DIETER ROTH
PROCESSINIG THE WORLD
Edité par Marion Daniel
Textes de Dieter Roth, Marion Daniel, Catherine Elkar, Camille Paulhan, J. Emil Sennewald
Les presses du réel
(mars 2014)
Dédiée à l'œuvre complexe, proliférante et novatrice d'une figure majeure de l'art de la seconde moitié du XXe siècle, cette monographie met en évidence les procédures de création de Dieter Roth et la manière dont il les pousse à leurs limites.
Tout au long d'une œuvre fondamentalement en mouvement, Dieter Roth, ayant vécu toute sa vie entre plusieurs pays, en particulier l'Allemagne, la Suisse et l'Islande, a mis en place des modes opératoires destinés à générer des formes. Dans les années 1950 et 1960, après une formation en Suisse marquée par l'art concret, il développe un travail géométrique d'inspiration constructiviste et typographique. Parallèlement, on assiste chez lui à la destruction de toute tentative formelle. Dans les années 1960, il réalise sa première « île », amas de matières informes vouées à se dégrader avec le temps, inaugurant une dynamique de construction-destruction récurrente.
Qu'est-ce qu'un process, un processus ? On parle de process dans l'industrie comme d'une succession d'étapes de fabrication. Le processus, suite d'actions ou de procédés est directement lié dans la création d'une œuvre à la mise en place d'une relation au temps. Ces deux aspects sont présents chez Dieter Roth. D'un côté, il développe des systèmes dans ses livres ou estampes qu'il épuise par de multiples modifications, reprises, superpositions, destructions. De l'autre, il enregistre le réel construit à l'état brut. Dans une installation telle que Seydisfjördur Slides (1988-1995), il inventorie sous forme de centaines de diapositives toutes les maisons d'une petite ville islandaise, projetées simultanément sur plusieurs projecteurs. À la fin de sa vie, il expose sans les retoucher ses sous-mains (Tischmatten) puis ses tables de travail. L'attention se déplace alors progressivement depuis le matériau en lui-même vers le lieu et le moment du travail.
Les processus mis en place chez Dieter Roth sont abordés à travers ses dessins et notes préparatoires, archives, livres, montrant par exemple l'exploration d'un même motif à travers des supports différents, mais aussi à travers ses œuvres en deux et trois dimensions. Les archives qui accompagnent les œuvres tiennent une part importante dans ce projet, témoins d'un esprit particulièrement vif.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme au Frac Bretagne, Rennes, de décembre 2013 à mars 2014.
Karl Dieter Roth est né d'un père suisse et d'une mère allemande à Hanovre en 1930. Il échappe à l'Allemagne nazie en fuyant en Suisse avec ses parents adoptifs. Il étudie le graphisme à Berne, où il s'intéresse au design d'avant-garde et à la poésie concrète. Il voyage beaucoup, s'installe successivement à Reykjavik, Londres, Bâle, Hambourg, Providence (Rhode Island), où il s'invente à chaque fois une nouvelle identité, modifiant son nom en Dieter Roth, Diter Rot ou Dieterrot. Il meurt en 1998.
Sculpteur, poète, pionnier des livres d'artiste, performer, éditeur, musicien, Dieter Roth a constamment tenté de défaire les cloisons d'une éducation artistique académique. Dessinant avec les deux mains en même temps, utilisant des matériaux « sales » (terre, graisse, cadavres d'insectes, produits alimentaires pourris...), il considérait que tout pouvait devenir de l'art, carnet de notes, table de travail, téléphone, ou la cuisine de son ami qui finit par être vendue à un musée.
Lié au groupe Fluxus sans lui être affilié, ami de Robert Filliou, de Daniel Spoerri, de Richard Hamilton, ou encore d'Arnulf Rainer (quatre artistes avec lesquels il a mené plusieurs projets communs), Dieter Roth a enregistré des disques et donné des concerts avec Hermann Nitsch ou Oswald Wiener. S'il n'a pas fait pas partie d'une exposition telle que « Quand les attitudes deviennent forme » organisée en 1969 par Harald Szeemann à la Kunsthalle de Berne, il faisait sien le précepte selon lequel la manière de construire, laissée visible, fait œuvre. Tout en restant à distance de mouvements tels que le Process Art, il apparaît comme l'un des artistes les plus novateurs concernant la transformation du concept même d'œuvre d'art.
PROCESSINIG THE WORLD
Edité par Marion Daniel
Textes de Dieter Roth, Marion Daniel, Catherine Elkar, Camille Paulhan, J. Emil Sennewald
Les presses du réel
(mars 2014)
Dédiée à l'œuvre complexe, proliférante et novatrice d'une figure majeure de l'art de la seconde moitié du XXe siècle, cette monographie met en évidence les procédures de création de Dieter Roth et la manière dont il les pousse à leurs limites.
Tout au long d'une œuvre fondamentalement en mouvement, Dieter Roth, ayant vécu toute sa vie entre plusieurs pays, en particulier l'Allemagne, la Suisse et l'Islande, a mis en place des modes opératoires destinés à générer des formes. Dans les années 1950 et 1960, après une formation en Suisse marquée par l'art concret, il développe un travail géométrique d'inspiration constructiviste et typographique. Parallèlement, on assiste chez lui à la destruction de toute tentative formelle. Dans les années 1960, il réalise sa première « île », amas de matières informes vouées à se dégrader avec le temps, inaugurant une dynamique de construction-destruction récurrente.
Qu'est-ce qu'un process, un processus ? On parle de process dans l'industrie comme d'une succession d'étapes de fabrication. Le processus, suite d'actions ou de procédés est directement lié dans la création d'une œuvre à la mise en place d'une relation au temps. Ces deux aspects sont présents chez Dieter Roth. D'un côté, il développe des systèmes dans ses livres ou estampes qu'il épuise par de multiples modifications, reprises, superpositions, destructions. De l'autre, il enregistre le réel construit à l'état brut. Dans une installation telle que Seydisfjördur Slides (1988-1995), il inventorie sous forme de centaines de diapositives toutes les maisons d'une petite ville islandaise, projetées simultanément sur plusieurs projecteurs. À la fin de sa vie, il expose sans les retoucher ses sous-mains (Tischmatten) puis ses tables de travail. L'attention se déplace alors progressivement depuis le matériau en lui-même vers le lieu et le moment du travail.
Les processus mis en place chez Dieter Roth sont abordés à travers ses dessins et notes préparatoires, archives, livres, montrant par exemple l'exploration d'un même motif à travers des supports différents, mais aussi à travers ses œuvres en deux et trois dimensions. Les archives qui accompagnent les œuvres tiennent une part importante dans ce projet, témoins d'un esprit particulièrement vif.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme au Frac Bretagne, Rennes, de décembre 2013 à mars 2014.
Karl Dieter Roth est né d'un père suisse et d'une mère allemande à Hanovre en 1930. Il échappe à l'Allemagne nazie en fuyant en Suisse avec ses parents adoptifs. Il étudie le graphisme à Berne, où il s'intéresse au design d'avant-garde et à la poésie concrète. Il voyage beaucoup, s'installe successivement à Reykjavik, Londres, Bâle, Hambourg, Providence (Rhode Island), où il s'invente à chaque fois une nouvelle identité, modifiant son nom en Dieter Roth, Diter Rot ou Dieterrot. Il meurt en 1998.
Sculpteur, poète, pionnier des livres d'artiste, performer, éditeur, musicien, Dieter Roth a constamment tenté de défaire les cloisons d'une éducation artistique académique. Dessinant avec les deux mains en même temps, utilisant des matériaux « sales » (terre, graisse, cadavres d'insectes, produits alimentaires pourris...), il considérait que tout pouvait devenir de l'art, carnet de notes, table de travail, téléphone, ou la cuisine de son ami qui finit par être vendue à un musée.
Lié au groupe Fluxus sans lui être affilié, ami de Robert Filliou, de Daniel Spoerri, de Richard Hamilton, ou encore d'Arnulf Rainer (quatre artistes avec lesquels il a mené plusieurs projets communs), Dieter Roth a enregistré des disques et donné des concerts avec Hermann Nitsch ou Oswald Wiener. S'il n'a pas fait pas partie d'une exposition telle que « Quand les attitudes deviennent forme » organisée en 1969 par Harald Szeemann à la Kunsthalle de Berne, il faisait sien le précepte selon lequel la manière de construire, laissée visible, fait œuvre. Tout en restant à distance de mouvements tels que le Process Art, il apparaît comme l'un des artistes les plus novateurs concernant la transformation du concept même d'œuvre d'art.