giovedì 11 ottobre 2012

L'ART EN GUERRE - MAM, PARIS



L'ART EN GUERRE
De Picasso à Dubuffet
Commissaires Jacqueline Munck et Laurence Bertrand Dorléac
Musée d'art moderne de la ville de Paris MAM
11, avenue du Président Wilson - Paris
12 octobre 2012 – 17 février 2013 

L’exposition du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris montre comment les artistes ont modifié en profondeur les contenus et les formes de l’art en France de 1938 à 1947, dans un contexte menaçant d’oppression et de pénurie. Près de 400 œuvres de plus de 100 artistes sont présentées en une dizaine de séquences fortes complétées par de nombreux points documentaires et filmiques inédits. 

En introduction, l’Exposition internationale du Surréalisme de janvier 1938 apparaît comme prémonitoire au moment de la montée des périls, avant même les accords de Munich et « sous l’angle du sombre » et de « l’étouffant » défini par André Breton et Marcel Duchamp. Certains de ses exposants seront bientôt arrêtés alors que les autres tenteront de s’exiler sans que ce soit toujours possible. 
Après la drôle de guerre et la défaite de la France, avec l’Occupation nazie et l’instauration du régime de Vichy, jusque dans les nombreux camps d’internement et les prisons en France, on crée encore : des œuvres de survie traduisent l’énergie désespérée d’artistes qui adaptent leur processus de création et leurs matériaux - cire, ficelle, pierre, papier à musique ou d’emballage, etc. (Bellmer, Brauner, Ernst, Freundlich, Gotko, Gumichian, Hamelin, Kolos-Vary, Lévy, Nussbaum, Payen, Prieto, Rosenthal, Salomon, Soos, Springer, Taslitzky, Warszawski, Wols…) 
Les artistes sont condamnés à s’adapter aux nouvelles réalités des années noires et, pour certains d’entre eux, à la clandestinité dans les refuges : à Marseille, Grasse, Sanary ou Dieulefit (Arp, Brauner, Sonia Delaunay, Hausmann, Magnelli, Masereel, Räderscheidt, Steib, Taeuber, Tita …). Dans la partie la plus visible de la scène parisienne, dominent les maîtres référents, Matisse, Picasso, Bonnard, Rouault, et les « jeunes peintres de tradition française » qui s’en réclament (Bazaine, Estève, Fougeron, Lapicque, Manessier, Singier…). L’ouverture partielle du Musée national d’art moderne, en 1942, au Palais de Tokyo, permet de saisir le goût timoré de l’époque expurgée de ses « indésirables » : juifs, étrangers, anticonformistes, etc. Par contraste, la galerie Jeanne Bucher est l’une des rares exceptions à présenter (sans publicité) des pièces d’artistes jugés « dégénérés » par la propagande totalitaire en Allemagne mais aussi en France. (Klee, Domela, Kandinsky, De Staël…). 
Quant à Picasso, l’audace est intacte : interdit d’exposition et reclus dans son atelier des Grands-Augustins, il multiplie les chefs-d’œuvre : L’Aubade, le Grand nu, les Têtes de mort, les dessins érotiques, Tête de taureau ou sa pièce de théâtre Le désir attrapé par la queue. 
Entre 1944 et 1947, les œuvres de l’après-guerre répondent à la violence faite aux corps et aux esprits depuis des années. Cette partie de l’exposition questionne la redéfinition des grands mouvements modernes, les uns assurent la « Reconstruction » — autour du Parti communiste français (Fougeron, Herbin, Pignon…) et du renouveau de l’Art sacré —, les autres empruntent une ligne de fuite radicale : tachisme, informel, art brut, lettrisme, récupération de déchets ou d’objets rejetés par la guerre. Tout témoigne de l’irrépressible décompression psychique à l’œuvre comme seule réponse à l’histoire (Atlan, Bissière, Debré, Fautrier, Giacometti, Hartung, Leduc, Masson, Richier, Riopelle, Soulages, Schneider, Tal-Coat…). Le premier vrai scandale après la Libération est déclenché en 1946 par l’exposition Dubuffet à la galerie Drouin : Mirobolus, Macadam et Cie. Hautes Pates, mis en relation avec tout ce qui compte alors en matière d’art « autre » chez les naïfs, les anonymes dans les asiles ou chez tous les « anartistes » (Artaud, Bryen, Chaissac, Corbaz, Duf, Forestier, Hyppolite, Michaux, Miro, Pujolle, Villeglé, Wols…). 

Plus de 100 artistes présentés dont des anonymes, Antonin Artaud, Jean-Michel Atlan, Jean Arp, André Breton, André Bauchant, Willi Baumeister, Jean René Bazaine, Hans Bellmer, Jésus Guillen Bertolin, Roger Bissière, Pierre Bonnard, David Brainin, Georges Braque, Victor Brauner, Camille Bryen, Bernard Buffet, Alexander Calder, Marguerite Caudan, Marc Chagall, Gaston Chaissac, Jean Gabriel Chauvin, Giorgio De Chirico, Aloïse Corbaz, Olivier Debré, Sonia et Robert Delaunay, Paul Delvaux, André Derain, César Domela, Jean Dubuffet, Marcel Duchamp, Gaston Duf, Max Ernst, étienne-Martin, Jean Fautrier, Auguste Forestier, André Fougeron, Otto Freundlich, Alberto Giacometti, Edouard Goerg, Henri Goetz, Julio Gonzales, Jean Gorin, Jacques Gotko, Francis Gruber, Stella Gumichian, Etienne Hajdu, France Hamelin, Hans Hartung, Raoul Hausmann, Jean Hélion, Auguste Herbin, Hector Hyppolite, Srul Jarzembeski, Vasily Kandinsky, Paul Klee, Sigismond Kolos-Vary, Wifredo Lam, André Lanskoy, Charles Lapicque, Henri Laurens, Fernand Leduc, Jean Le Moal, Fernand Léger, Jane Lévy, Myriam Lévy, Jacques Lipchitz, Kurt Löw, Alberto Magnelli, Man Ray, Frans Masereel, Alfred Manessier, André Masson, Henri Matisse, Roberto Matta, Henri Michaux, Joan Miro, Felix Nussbaum, Roger Payen, Francis Picabia, Pablo Picasso, Edouard Pignon, Guillaume Pujolle, Prieto, Anton Räderscheidt, Hans Reichel, Germaine Richier, Jean-Paul Riopelle, Horst Rosenthal, Georges Rouault, Le Douanier Rousseau, Charlotte Salomon, Gérard Schneider, Joseph Soos, Pierre Soulages, Chaïm Soutine, Ferdinand Springer, Nicolas de Staël, François Stahly, Giordano Stroppolo, Boris Taslitzky, Joseph Steib, Sophie Taeuber-Arp, Jotz Taitz, Pierre Tal-Coat, Tita, Julius Turner, Raoul Ubac, Vago, Bram Van Velde, Victor Vasarely, Vieira da Silva, Yves Tanguy, Jacques Mahé de la Villeglé, Maurice de Vlaminck, Gérard Vulliamy, Abram Warszawski, Arthus Weisz, Wols, etc. 

Le catalogue (400 pages, 39 euros) édité par Paris Musées sous la direction de Laurence Bertrand Dorléac et Jacqueline Munck, réunit, sous forme d’abécédaire illustré, 200 essais signés de plus de 140 auteurs internationaux.