LES MUSÉES BLESSÉS
LE MUSE FERITE - 1914-1918
LE MUSE FERITE - 1914-1918
Photographies historiques et perception du patrimoine
Édité par Sandra Costa, Marco Pizzo
Éditions littéraires et linguistiques de l'université de Grenoble
(27 septembre 2014)
Collection : Iconographie en débat
Le volume Les Musées blessés / Le Muse ferite 1914-1918 est le fruit de la longue collaboration scientifique qui unit l'Université de Grenoble-Alpes, la MSH-Alpes de Grenoble et le Museo Centrale del Risorgimento de Rome autour de la connaissance, de la tutelle et de la valorisation du patrimoine artistique.
Édité par Sandra Costa, Marco Pizzo
Éditions littéraires et linguistiques de l'université de Grenoble
(27 septembre 2014)
Collection : Iconographie en débat
Le volume Les Musées blessés / Le Muse ferite 1914-1918 est le fruit de la longue collaboration scientifique qui unit l'Université de Grenoble-Alpes, la MSH-Alpes de Grenoble et le Museo Centrale del Risorgimento de Rome autour de la connaissance, de la tutelle et de la valorisation du patrimoine artistique.
Dans le cadre des multiples initiatives
organisées à l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, le point
de vue qui est proposée ici est particulier : la perception du patrimoine
artistique et de ses blessures par le biais de la photographie historique
constitue le parcours privilégié à travers lequel prennent corps les défis
politiques et sociaux, qui bouleversèrent l'Europe pendant le conflit.
En effet,
par son apport fondamental à la documentation des dommages au tissu artistique
et urbain, la photographie historique est aujourd'hui une source de première
importance, mais encore peu connue, pour l'analyse du débat sur la conservation
et la protection du patrimoine.
De la cathédrale de Reims aux églises de Venise,
de la destruction de la Grand'Place d'Arras à celle de villages méconnus du
Frioul, la prise de conscience de la valeur du patrimoine artistique et de ses
blessures s'est développée en assumant les contours d'une question populaire et
internationale grâce, surtout, à la photographie qui fut le moyen préféré d'une
nouvelle communication - plus directe et immédiate - des valeurs de l'art contre
la barbarie d'une «guerre inutile».
Les édifices détruits ou mutilés des «villes
martyres» deviennent le corps symbolique des nations blessées et occupées.
Les
villes, dont l'image est profondément dénaturée par les protections crées pour
les sculptures et les monuments, offrent le miroir d'une population
progressivement plus consciente de l'importance historique, et symbolique, de
son patrimoine.
L'odyssée d'oeuvres célèbres, laborieusement enlevées de leurs
lieux d'origine pour être transportées vers des endroits plus sûrs, résonne dans
les consciences comme l'écho d'un effort collectif, et parfois héroïque, qui
perçoit dans l'art l'un des piliers de l'identité d'un peuple.
En conséquence de
l'impulsion offerte par les exigences tragiques d'un conflit, qui fort de ses
bombardements aériens multipliait pour la première fois dans l'histoire sa
capacité dévastatrice bien au-delà de la ligne du front, la photographie du
patrimoine artistique s'est développée selon les voies complémentaires du
document et de la propagande.
Grâce aux caractéristiques techniques de ce média,
d'invention récente et en pleine évolution, mais dont on avait déjà pressenti
les immenses potentialités expressives, l'oeuvre d'art est le protagoniste d'une
histoire de puissante empathie qui s'adapte à la créativité de grands
photographes comme à la communication de masse.
Cette recherche, internationale
et interdisciplinaire, à laquelle ont collaboré des universités et des
institutions françaises, italiennes et belges, a été très largement ouverte aux
contributions de jeunes chercheurs.
Ce volume s'articule selon quatre
thématiques principales. D'abord, l'analyse des fondements de certains débats
critiques et historiques, ou d'enjeux politiques, qui sont à la racine de la
production photographique sur le patrimoine artistique pendant la Grande Guerre.
«Ouverture tragique» qui a encouragé dans l'Europe entière la conscience des
gouvernements et des institutions au sujet de la fragilité de l'art, et plus
globalement de la culture, c'est le bombardement de la célèbre bibliothèque de
Louvain, en Belgique, et surtout, en septembre 1914, de la cathédrale de Reims.
Cette destruction devait devenir le point d'orgue d'un âpre débat
franco-allemand, qui occupera longtemps des historiens de l'Art renommés tels
qu'Émile Mâle ou Paul Clemen.
Chaque nation touchée par la guerre donne sa
propre réponse au problème de la protection de l'Art : du «Pro Patria» de la
Belgique à la frénétique activité des Surintendances italiennes.
Les Archives du
Saint-Siège sont le témoignage d'un débat international qui troubla
émotionnellement et culturellement les pays européens : les images documentent
les dommages subis par les églises de part et d'autre du front.