BRUNO CLÉMENT
LA VOIX VERTICALE
Essai sur la prosopopée
Belin
(19 octobre 2012)
Collection "L'extreme contemporain"
La voix humaine est pour la pensée un objet résistant : charnelle et spirituelle, medium de la parole et du chant, ajoutant aux mots qu’elle profère la saveur de son intonation, animale et humaine, la voix est naturelle, en somme. Mais pas seulement…
Le présent essai choisit d’aborder cette équivocité essentielle à partir d’une figure, la prosopopée, qui, donnant voix aux absents, aux morts, aux êtres surnaturels, ou même inanimés, confère aux textes qu’elle informe un relief toujours édifiant. Usant de la prosopopée, les philosophes ou les théoriciens (Platon, Rousseau, Nietzsche, Freud, Foucault, Levinas), les poètes ou les romanciers (Beckett, Blanchot, Deguy, Sarraute) font entendre, surplombant le discours ordinaire et reçu, une voix étrangère et intempestive – une autre voix. Voix véridique et exigeante, voix morale, au zénith de la conscience. Voix verticale.
Bruno Clément a présidé le Collège international de philosophie (2004-2007) ; il est Professeur à l’Université Paris 8 et membre de l’Institut Universitaire de France. Il a notamment publié : L’œuvre sans qualités – rhétorique de Samuel Beckett (Seuil, 1994), Le lecteur et son modèle (PUF, 1999), L’invention du commentaire – Augustin, Jacques Derrida (PUF, 2000), Le récit de la méthode (Seuil, 2005).