JULIE MEHRETU
MIND BREATH AND BEAT DRAWINGS
Galerie Marian Goodman
79, rue du Temple - Paris
26 janvier - 16 mars 2013
L'exposition est constituée de quinze dessins sur papier et onze sur toile, tous réalisés au graphite noir. Sont également présentées une série de cinq eaux-fortes, ainsi qu'une peinture à l'encre et graphite sur toile. L'exposition permet de suivre le fil du processus de travail de Julie Mehretu, proposant des œuvres sur papier qui développent un lexique personnel et spontané, genèse de ses œuvres en grand format sur toile.
L'exposition fait suite à la première présentation l'été dernier lors de dOCUMENTA (13) d'une œuvre en quatre parties intitulée Mogamma. Mogamma est le nom du bâtiment emblématique du gouvernement égyptien situé sur la place Tahrir au Caire, construit dans les années 40 dans un style moderniste occidental, symbole du gouvernement centralisé.
Cependant le mot «mogamma» fait aussi référence à un lieu œcuménique abritant à la fois une mosquée, une synagogue et une église.
«Je m'intéresse au potentiel des «psychogéographies». Cela suggère que l'individu puise dans un espace invisible, imaginaire et créatif des ressources d'autodétermination et de résistance. […] Cette impulsion est une force génératrice majeure dans mes dessins et, en tant que peintre, dans mes projets conceptuels de plus grande envergure.» («Looking back: E-mail Interview between Julie Mehretu and Olukemi Ilesanmi» in Julie Mehretu: Drawing into Painting (Minneapolis: Walker Art Center, 2003)
«Un des points de départ de mon travail a été d'étudier qui j'étais en tant qu'artiste: quelles étaient mes sources d'intérêts; sur quoi allait vraiment porter mon travail. Cette recherche a évolué en un projet «auto-ethnographique» pour lequel j'ai commencé à disséquer mes origines afin de mieux comprendre la formation de ma propre identité.» («Looking back: E-mail Interview between Julie Mehretu and Olukemi Ilesanmi» in Julie Mehretu: Drawing into Painting, Minneapolis: Walker Art Center, 2003)
L'ensemble des œuvres de l'exposition révèle un langage personnel et unique composé de traits spontanés, faisant écho à certaines pratiques telles que l'écriture et le dessin automatiques des Surréalistes, les dessins «sous mescaline» d'Henri Michaux ou encore la calligraphie chinoise. Julie Mehretu procède à la fois par effacement, suppression et ajout, pour créer une composition originale qui laisse entrevoir la complexité de la construction spatiale et multidimensionnelle de ses grandes peintures que viennent compléter différentes strates de lignes dessinées ou peintes à l'acrylique transparente.
«Je pense que l'architecture reflète les machinations de la politique et c'est pour cela que je m'y intéresse en tant que métaphore de ces institutions. Je ne pense pas que le langage architectural soit seulement une métaphore de l'espace. Il s'agit de l'espace mais de l'espace de pouvoir, des idées du pouvoir.» (Agustin Pérez Rubio, «Tracing the Universe of Julie Mehretu: A Choral Text» in Julie Mehretu: Black City, Hatje Cantz, 2006)
Les œuvres de Julie Mehretu conçues pour Documenta sont chacune construites autour d'un enchevêtrement complexe de dessins à l'encre représentant le bâtiment du Mogamma, avec une superposition de plusieurs couches d'acrylique transparent, rehaussées de lignes et formes en couleur. L'ensemble constitue une œuvre puissante sans précédent dans l'histoire récente de la peinture.