lunedì 6 ottobre 2014

TROP HUMAIN - MAMCO 2014




TROP HUMAIN
Artistes des XXe et XXIe siècles devant la souffrance
MAMCO
mai 2014

Une traversée de la représentation de la douleur, infligée ou reçue par l'homme, dans l'art des XXe et XXIe siècles.

Co-organisée par le Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et par le Musée d'art moderne et contemporain de Genève (Mamco), l'exposition Trop humain propose une traversée de la représentation de la douleur dans l'art des XXe et XXIe siècles à travers un choix d'œuvres évoquant les souffrances qui rythment l'histoire des hommes. Thème essentiel de la peinture et de la sculpture, l'expression de la douleur infligée ou reçue est également un motif important de l'art moderne et contemporain. De Picasso à Louise Bourgeois, de Julio González à Pascal Convert, à travers un choix d' œuvres particulièrement représentatives de cette question, Trop humain montre combien et comment les artistes ont fait de la souffrance, et de son impact sur la vie des hommes, un objet de création. Cette exposition constitue une véritable plongée dans l'histoire de l'humanité. Si ce livre qui en est issu en restitue la logique, il propose également des pistes de réflexion qui portent tout autant sur le témoignage (comment restituer l'épreuve de la douleur ?), sur le jugement (comment juger ceux qui ont infligé la souffrance à autrui ?) et sur l'avenir (quelles sont les nouvelles formes de souffrance ?). Une façon donc de faire de cette traversée de l'art le moyen d'une analyse de ce que l'homme – victime et bourreau – est capable d'infliger à l'autre, éternellement.
Les trois essais réunis dans ce volume sont des outils de réflexion qui viennent nourrir et augmenter le propos de l'exposition. Ils n'en sont en aucune manière la paraphrase mais visent, bien au contraire, à donner à chacun des perspectives historiques et théoriques renouvelées concernant le sujet abordé, voire à élaborer des considérations plus exploratoires encore. C'est ainsi que Catherine Perret propose une réflexion sur les conditions d'exposition de la souffrance et sur le rôle joué par les images dans une telle monstration. Analysant l'exemple paradigmatique représenté par le procès de Nuremberg, elle en dégage des éléments généraux qui permettent de remettre en perspective la valeur visuelle et orale du témoignage. C'est ainsi, encore, que Bernard Vouilloux analyse le statut du vocabulaire de la souffrance dans deux textes majeurs consacrés à la déportation, Si c'est un homme, de Primo Levi, et L'Espèce humaine, de Robert Antelme. Comment écrire sur la souffrance, comment en transmettre l'expérience ? Ces questions essentielles occupent une large part de son analyse et ne cessent d'interroger les limites mêmes du langage lorsque l'individu est plongé dans des situations extrêmes. C'est ainsi, enfin, que Catherine Malabou réfléchit sur les nouveaux visages de la douleur. Car souffrir a de toute évidence une histoire : la souffrance actuelle, celle des cérébro-lésés, apparaît comme suffisamment singulière pour bouleverser l'approche de la maladie et du soin, pour interroger à nouveaux frais le statut ancien de la souffrance, y compris sur le plan politique. Grâce à ces lectures, chacun pourra vérifier combien le sujet abordé par l'exposition Trop humain ouvre à des interrogations multiples et complexes.

Publié à l'occasion de l'exposition éponyme au Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Genève, de mai 2014 à janvier 2015.

Œuvres de Julio González, Pablo Picasso, Otto Dix, Felix Nussbaum, Édouard Pignon, Pierre Tal-Coat, Zoran Mušič, Louise Bourgeois, Nikolai Getman, Charlotte Salomon, Leon Golub, Bernard Buffet, Werner Tübke, Magdalena Abakanowicz, Robert Morris, Jean Roulland, Erró, On Kawara, Martha Rosler, Hubertus Giebe, Thomas Schütte, Alfredo Jaar, Pascal Convert, Kara Walker, Jake & Dinos Chapman, Sigalit Landau, Berlinde De Bruyckere, Omer Fast, Lida Abdul, Anri Sala, Sada Tangara.