PERSONAL CUTS
Art à Zagreb de 1950 à nos jours
Commissaire : Branka Stipančić
Carré d'Art
Place de la Maison Carrée - Nîmes
n du 17 octobre 2014 au 11 janvier 2015
Artistes participants : Gorgona Group; Josip Vaništa; Julije Knifer; Dimitrije Bašičević Mangelos; Ivan Kožarić; Tomislav Gotovac; Goran Trbuljak; Sanja Iveković; Dalibor Martinis; Mladen Stilinović; Vlado Martek; Boris Cvjetanović; Igor Grubić; David Maljković; Andreja Kulunčić & Božena Končić Badurina.
Cette exposition réunit les travaux de quinze artistes et d’un groupe pour présenter sous un angle personnel une brève histoire des tendances radicales dans l’art moderne et contemporain en Croatie, particulièrement sur la scène artistique de Zagreb. La politique culturelle de la Yougoslavie, laquelle avait intégré le mouvement des non-alignés à la suite de la deuxième guerre mondiale, coopérait librement avec les deux blocs opposés de l’Est et de l’Ouest. Plusieurs évènements majeurs survenus dans les années soixante dans différents domaines, que ce soit la musique d’avant-garde (Biennale Musicale), les arts visuels (Nouvelles Tendances), le film expérimental (Festival du Film de Genre), le Festival du théâtre étudiant, la traduction d’un matière littéraire d’avant-garde considérable ainsi que les communications entre sociologues et philosophes marxistes de tous pays (Praxis & Korčula Summer School), ont permis d’intensifier les échanges internationaux et de créer une atmosphère unique de création. Contrairement à l’idée selon laquelle les artistes travaillaient de manière isolée (« derrière le rideau de fer, » comme il était incorrectement prétendu en conséquence de la négligence des spécificités politiques) et en dépit de l’absence d’un marché de l’art ou d’autres formes de soutien aux artistes, Zagreb était un centre culturel dynamique.
Le titre « Personal Cuts » (emprunté à une œuvre vidéo de Sanja Iveković) se rapporte à ces artistes autonomes qui, chacun pour des raisons personnelles, ont abandonné la pratique fondée sur l’objet pour un art engagé autour d’une morale sociale fondamentale et qui ont établi une relation très personnelle avec la société, la politique, et l’art passé et présent.
Il s’agit ici de tendances conceptuelles, dans le sens le plus large du terme, adoptées dans les années cinquante et soixante-dix – on parlait à l’époque dans la région de « nouvelles pratiques artistiques » – qui se sont répandues et imprègnent encore aujourd’hui l’art contemporain. Cette notion « conceptuelle, » très différente du canon occidental, couvrait un très large éventail de moyens d’expression, de travaux et de pratiques. Les artistes ont adopté de nouveaux matériaux, supports, méthodes et attitudes ; ils ont abandonné l’objet pour se focaliser sur la pratique de l’art, cherchant à redéfinir le rôle de l’artiste par rapport aux réalités sociales, politiques, et économiques de leurs environnements respectifs. Mais leur art n’en reste pas moins important dans la mesure où il se projetait toujours au-delà de son contexte immédiat pour adopter une vision universelle.
Différentes positions artistiques sont apparues vers la fin des années cinquante lorsque les artistes ont dépassé le modernisme, alors très présent dans la Yougoslavie de l’époque, et se sont affirmés au travers d’un anti-art (Groupe Gorgona : Julije Knifer, Josip Vaništa, Dimitrije Bašičević Mangelos, Ivan Kožarić), de happenings, de films expérimentaux et d’un art performatif (Tomislav Gotovac). L’exposition met aussi en lumière la critique institutionnelle (Goran Trbuljak), et les pionniers de l’art vidéo (Sanja Iveković, Dalibor Martinis, interventions urbaines, travaux sur le langage (Mladen Stilinović, Vlado Martek) des années soixante-dix. Elle suit les évolutions politiques et sociales survenues à l’époque du communisme (Boris Cvjetanović), ainsi qu’à l’époque de la transition qui permit l’émergence de nouvelles thématiques : les économies en faillite (Andreja Kulunčić), le besoin d’amnésie par rapport au passé communiste (David Maljković), l’homophobie (Igor Grubić), les interactions entre les musées et leurs visiteurs (Božena Končić Badurina).
Ce mouvement a généré des actions et des comportements politiques subversifs significatifs et il est essentiel que ces artistes soient considérés depuis une perspective actuelle. Leurs œuvres reflètent les circonstances sociales et économiques, mais expriment surtout le talent, l’intelligence, la sensibilité, l’Eros, la formation, le sens du contact, la ténacité, l’ingéniosité de leurs auteurs, et tant d’autres choses encore.
L’exposition se déploie sur les mille mètres carrés du dernier étage du musée. Elle constitue la plus importante présentation d’artistes croates en dehors des frontières du pays. Cette exposition a été rendue possible grâce à la généreuse participation de différentes institutions croates : le Musée d’art contemporain de la ville de Zagreb – Studio Kožarić, Modern Gallery, Glyptotheca –, l’Académie des Sciences et des Arts de Croatie, l’Institut pour l’histoire de l’art, l’Institut Tomislav Gotovac, mais aussi le Musée d’art contemporain Metelkova (Ljubljana) et Kontakt, la Collection d’art du Groupe Erste et la Fondation ERSTE (Vienne), des collectionneurs privés de Zagreb, Belgrade, Vienne et New York, mais surtout grâce aux artistes de Zagreb.
Art à Zagreb de 1950 à nos jours
Commissaire : Branka Stipančić
Carré d'Art
Place de la Maison Carrée - Nîmes
n du 17 octobre 2014 au 11 janvier 2015
Artistes participants : Gorgona Group; Josip Vaništa; Julije Knifer; Dimitrije Bašičević Mangelos; Ivan Kožarić; Tomislav Gotovac; Goran Trbuljak; Sanja Iveković; Dalibor Martinis; Mladen Stilinović; Vlado Martek; Boris Cvjetanović; Igor Grubić; David Maljković; Andreja Kulunčić & Božena Končić Badurina.
Cette exposition réunit les travaux de quinze artistes et d’un groupe pour présenter sous un angle personnel une brève histoire des tendances radicales dans l’art moderne et contemporain en Croatie, particulièrement sur la scène artistique de Zagreb. La politique culturelle de la Yougoslavie, laquelle avait intégré le mouvement des non-alignés à la suite de la deuxième guerre mondiale, coopérait librement avec les deux blocs opposés de l’Est et de l’Ouest. Plusieurs évènements majeurs survenus dans les années soixante dans différents domaines, que ce soit la musique d’avant-garde (Biennale Musicale), les arts visuels (Nouvelles Tendances), le film expérimental (Festival du Film de Genre), le Festival du théâtre étudiant, la traduction d’un matière littéraire d’avant-garde considérable ainsi que les communications entre sociologues et philosophes marxistes de tous pays (Praxis & Korčula Summer School), ont permis d’intensifier les échanges internationaux et de créer une atmosphère unique de création. Contrairement à l’idée selon laquelle les artistes travaillaient de manière isolée (« derrière le rideau de fer, » comme il était incorrectement prétendu en conséquence de la négligence des spécificités politiques) et en dépit de l’absence d’un marché de l’art ou d’autres formes de soutien aux artistes, Zagreb était un centre culturel dynamique.
Le titre « Personal Cuts » (emprunté à une œuvre vidéo de Sanja Iveković) se rapporte à ces artistes autonomes qui, chacun pour des raisons personnelles, ont abandonné la pratique fondée sur l’objet pour un art engagé autour d’une morale sociale fondamentale et qui ont établi une relation très personnelle avec la société, la politique, et l’art passé et présent.
Il s’agit ici de tendances conceptuelles, dans le sens le plus large du terme, adoptées dans les années cinquante et soixante-dix – on parlait à l’époque dans la région de « nouvelles pratiques artistiques » – qui se sont répandues et imprègnent encore aujourd’hui l’art contemporain. Cette notion « conceptuelle, » très différente du canon occidental, couvrait un très large éventail de moyens d’expression, de travaux et de pratiques. Les artistes ont adopté de nouveaux matériaux, supports, méthodes et attitudes ; ils ont abandonné l’objet pour se focaliser sur la pratique de l’art, cherchant à redéfinir le rôle de l’artiste par rapport aux réalités sociales, politiques, et économiques de leurs environnements respectifs. Mais leur art n’en reste pas moins important dans la mesure où il se projetait toujours au-delà de son contexte immédiat pour adopter une vision universelle.
Différentes positions artistiques sont apparues vers la fin des années cinquante lorsque les artistes ont dépassé le modernisme, alors très présent dans la Yougoslavie de l’époque, et se sont affirmés au travers d’un anti-art (Groupe Gorgona : Julije Knifer, Josip Vaništa, Dimitrije Bašičević Mangelos, Ivan Kožarić), de happenings, de films expérimentaux et d’un art performatif (Tomislav Gotovac). L’exposition met aussi en lumière la critique institutionnelle (Goran Trbuljak), et les pionniers de l’art vidéo (Sanja Iveković, Dalibor Martinis, interventions urbaines, travaux sur le langage (Mladen Stilinović, Vlado Martek) des années soixante-dix. Elle suit les évolutions politiques et sociales survenues à l’époque du communisme (Boris Cvjetanović), ainsi qu’à l’époque de la transition qui permit l’émergence de nouvelles thématiques : les économies en faillite (Andreja Kulunčić), le besoin d’amnésie par rapport au passé communiste (David Maljković), l’homophobie (Igor Grubić), les interactions entre les musées et leurs visiteurs (Božena Končić Badurina).
Ce mouvement a généré des actions et des comportements politiques subversifs significatifs et il est essentiel que ces artistes soient considérés depuis une perspective actuelle. Leurs œuvres reflètent les circonstances sociales et économiques, mais expriment surtout le talent, l’intelligence, la sensibilité, l’Eros, la formation, le sens du contact, la ténacité, l’ingéniosité de leurs auteurs, et tant d’autres choses encore.
L’exposition se déploie sur les mille mètres carrés du dernier étage du musée. Elle constitue la plus importante présentation d’artistes croates en dehors des frontières du pays. Cette exposition a été rendue possible grâce à la généreuse participation de différentes institutions croates : le Musée d’art contemporain de la ville de Zagreb – Studio Kožarić, Modern Gallery, Glyptotheca –, l’Académie des Sciences et des Arts de Croatie, l’Institut pour l’histoire de l’art, l’Institut Tomislav Gotovac, mais aussi le Musée d’art contemporain Metelkova (Ljubljana) et Kontakt, la Collection d’art du Groupe Erste et la Fondation ERSTE (Vienne), des collectionneurs privés de Zagreb, Belgrade, Vienne et New York, mais surtout grâce aux artistes de Zagreb.