mercoledì 4 aprile 2012

CIMA DA CONEGLIANO - MUSEE DU LUXEMBOURG, PARIS



CIMA DA CONEGLIANO
Maître de la Renaissance vénitienne
Commissaire: Giovanni Carlo Federico Villa
Musee du Luxembourg
19 rue de Vaugirard - Paris
5/4/2012 - 15/7/2012

Aux côtés de Giovanni Bellini et de Vittore Carpaccio, Giovanni Battista Cima da Conegliano (1459-1517) compte parmi les grands peintres qui travaillent à Venise à la fin du XVe et au début du XVIe siècle, à l’époque où la ville devient un des pôles les plus brillants de la Renaissance italienne.
À Venise, Cima s’impose très vite comme le maître des grands retables en explorant des effets de composition inédits, où se mêlent de manière originale nature et architecture. Il introduit des asymétries et des échappées insolites, ménage des ouvertures surprenantes, comme dans la Vierge à l’Enfant entre l’archange saint Michel et l’apôtre saint André (Parme, Galleria Nazionale). Partout apparaît son amour des vastes étendues, exaltées par la lumière, encadrées de montagnes et de collines, qui évoquent les reliefs caractéristiques de sa région natale. A la peinture de paysage, il donne un souffle nouveau. Nul autre avant Cima, n’a su rendre l’atmosphère argentée et légère de la Vénétie avec cette poésie qui n’appartient qu’à lui.
La vie de Giovanni Battista Cima est celle d’un jeune homme sorti du lot, porté par son talent à faire une carrière remarquable. En effet, rien dans ses origines ne le prédestine à réussir à Venise en tant qu’artiste. Il n’y est même pas né, mais a grandi dans l’arrière-pays, dans une bourgade nommée Conegliano, située au pied du massif montagneux des Dolomites. De plus, son père travaille dans le textile (le nom « Cima » vient d’ailleurs du métier de cimatore exercé par son père). C’est donc un destin hors du commun que celui de ce provincial qui parvient à s’imposer comme un maître réputé, et cela en dépit de la concurrence qui fait rage à Venise où des dynasties de peintres, comme celles des Bellini ou des Vivarini, sont déjà fort bien implantées. Dans les années 1490, il est reconnu à Venise comme le peintre d’art sacré par excellence. Dans ce domaine, le doge lui-même le considère meilleur que Bellini ou que Carpaccio.
Cette ascension sociale, Cima la doit d’abord à une forme de perfection, fondée sur la minutie de son dessin, sa maîtrise de la peinture à l’huile (une technique alors relativement nouvelle dans l’histoire de la peinture vénitienne), l’étendue de sa palette aux couleurs lumineuses. Ce métier virtuose lui permet d’atteindre un haut niveau de précision dans la représentation des détails : la ciselure d’un bijou, la texture chatoyante d’une draperie, les boucles cuivrées d’une chevelure. Le soin fascinant avec lequel il décrit les visages, les expressions et les regards, souvent mélancoliques, lui permet de conférer à ses peintures une profonde humanité, perceptible notamment dans ses nombreuses Vierges à l’Enfant, comme celle conservée aux Offices de Florence.
La réussite de Cima réside aussi dans sa réceptivité aux idées nouvelles et dans son extraordinaire capacité d’assimilation. Dans le sillage d’Antonello de Messine et de Giovanni Bellini, notamment, il forge d’abord ses premières armes. Il ne tarde pas à proposer à son tour de nouveaux modèles auxquels Bellini lui-même ne sera pas insensible. De passage à Venise, Albrecht Dürer, attiré par la renommée de Cima, lui rend visite et est frappé par ses œuvres. Son influence est aussi déterminante pour les maîtres de la génération suivante, Lorenzo Lotto, Sebastiano del Piombo, Titien, qui tous sauront retenir les leçons de sa peinture et y puiser des idées pour leurs propres compositions. Au sommet de sa carrière, Cima sait encore reconnaître les avancées d’un peintre plus jeune, Giorgione, et modifier sa manière de peindre, en optant pour une touche plus vibrante et suggestive dont le Saint Jérôme au désert des Offices est un des plus beaux exemples. Ainsi, autour de Cima, ce sont plusieurs générations d’artistes qui ne cessent de dialoguer entre elles.
L’exposition Cima da Conegliano, maître de la Renaissance vénitienne réunit des œuvres exceptionnelles, dont de grands tableaux d’autel, qui pour la première fois sont présentés hors de l’Italie. Elle permet de découvrir ainsi l’œuvre d’un artiste en phase avec son temps et de porter un nouveau regard sur la prestigieuse histoire de Venise.