GASPARE O. MELCHER
COLLAGES 1990-1994
Galerie Anton Meier
Palais de l'Athénée
2, rue de l'Athénée - Genève
7 novembre 2013 – 8 février 2014
C’est en été 1990 que Melcher entame, parallèlement à sa production picturale, une série de collages de grand format. Pour ce faire, il commence par déchirer des bandes dessinées – des « Fumetti » –, en mille morceaux. Agissant un peu comme un somnambule, il colle méticuleusement ces minuscules lambeaux de papier directement sur la toile préparée, sans modèle dessiné, d’une manière qui n’est pas sans rappeler l’écriture automatique. Il en résulte des tableaux d’une inquiétante profondeur, des compositions à l’intérieur desquelles on peut se déplacer comme avec un vaisseau spatial à travers le chaos de l’univers. Si l’on observe plus longuement ces oeuvres, on voit surgir sans cesse de nouveaux espaces, et simultanément, des figures géantes, qui commencent à errer, tels des fantômes, à la surface. Voilà du moins comment j’ai ressenti ces travaux, que j’ai presque tous découverts peu après leur achèvement. Par bonheur, j’ai eu la possibilité d’acquérir tout de suite pour la galerie certains de ces collages, qui me fascinent au plus haut point.
Gaspare O. Melcher en a réalisé une douzaine en un temps relativement bref. Tous sont de grands formats de 125 x 150 cm. Beat Wismer, qui a publié un texte dans l’ouvrage Spudegelion (Genève, 1993), s’est longuement arrêté sur ces collages, auxquels Melcher a donné le nom de Veronica (pp. 27 et 28, comportant plusieurs illustrations).
A la fin des années quatre-vingt-dix, alors qu’il travaille à ses cycles de tableaux Finestra gotica et The Roswell Symbols, Melcher revient aux collages, qu’il réalise selon la même technique. La plupart d’entre eux mesurent 95 x 95 cm, et me paraissent davantage orchestrés. Ils sont reproduits pour une part dans la publication The Roswell Symbols, éditée chez Calven en 1998. L’artiste transposera également dans des collages de petit format les illustrations du diario toscano, (journal toscan), paru en 2010.
Au cours de ces dernières années, Melcher réalise une nouvelle série de neuf collages, intitulée Hommages. Il choisit neuf artistes auxquels il se sent lié ou redevable d’une manière ou d’une autre. Trois d’entre eux vont devenir des amis durant la période où il vit à Amsterdam, entre 1972 et 1974: Johannes Gachnang, plasticien, et par la suite commissaire d’exposition (Documenta 7, par exemple), qui dirige à l’époque le programme du Goethe-Institut à Amsterdam; André Thomkins, exposé par le Goethe-Institut, et Markus Raetz, qui réside au même moment dans la métropole néerlandaise. Très tôt déjà, Gaspare O. Melcher se trouve confronté aux travaux d’Alberto Giacometti et d’Adolf Wölfli, qui vont rester pour lui des modèles. Vis-à-vis d’Emilio Vedova, ce rebelle dont il est l’assistant durant une brève période (académie d’été de Salzbourg en 1969), il éprouvera une sorte d’amour-haine. Quant à Dieter Roth et Jean Tinguely, il les considère comme de lointains parents. Bien évidemment, il connaît et apprécie leurs oeuvres dont il saisit toute la portée, mais ne développera pas pour autant de contacts plus étroits avec eux. En revanche, il voit non seulement en Matias Spescha un artiste extrêmement sensible, mais se sent aussi certaines affinités avec lui du fait de leurs origines grisonnes communes.
La suite Hommages montre bien toute l’originalité dont témoigne Melcher dans la pratique du collage. L’artiste y instille avec bonheur la cohérence d’un langage plastique qu’il a élaboré au fil des années, et qui se voit du même coup renouvelé.
Image: G.O. Melcher, Hommage à J.T., 2012. Collage. 95 x 95 cm
COLLAGES 1990-1994
Galerie Anton Meier
Palais de l'Athénée
2, rue de l'Athénée - Genève
7 novembre 2013 – 8 février 2014
C’est en été 1990 que Melcher entame, parallèlement à sa production picturale, une série de collages de grand format. Pour ce faire, il commence par déchirer des bandes dessinées – des « Fumetti » –, en mille morceaux. Agissant un peu comme un somnambule, il colle méticuleusement ces minuscules lambeaux de papier directement sur la toile préparée, sans modèle dessiné, d’une manière qui n’est pas sans rappeler l’écriture automatique. Il en résulte des tableaux d’une inquiétante profondeur, des compositions à l’intérieur desquelles on peut se déplacer comme avec un vaisseau spatial à travers le chaos de l’univers. Si l’on observe plus longuement ces oeuvres, on voit surgir sans cesse de nouveaux espaces, et simultanément, des figures géantes, qui commencent à errer, tels des fantômes, à la surface. Voilà du moins comment j’ai ressenti ces travaux, que j’ai presque tous découverts peu après leur achèvement. Par bonheur, j’ai eu la possibilité d’acquérir tout de suite pour la galerie certains de ces collages, qui me fascinent au plus haut point.
Gaspare O. Melcher en a réalisé une douzaine en un temps relativement bref. Tous sont de grands formats de 125 x 150 cm. Beat Wismer, qui a publié un texte dans l’ouvrage Spudegelion (Genève, 1993), s’est longuement arrêté sur ces collages, auxquels Melcher a donné le nom de Veronica (pp. 27 et 28, comportant plusieurs illustrations).
A la fin des années quatre-vingt-dix, alors qu’il travaille à ses cycles de tableaux Finestra gotica et The Roswell Symbols, Melcher revient aux collages, qu’il réalise selon la même technique. La plupart d’entre eux mesurent 95 x 95 cm, et me paraissent davantage orchestrés. Ils sont reproduits pour une part dans la publication The Roswell Symbols, éditée chez Calven en 1998. L’artiste transposera également dans des collages de petit format les illustrations du diario toscano, (journal toscan), paru en 2010.
Au cours de ces dernières années, Melcher réalise une nouvelle série de neuf collages, intitulée Hommages. Il choisit neuf artistes auxquels il se sent lié ou redevable d’une manière ou d’une autre. Trois d’entre eux vont devenir des amis durant la période où il vit à Amsterdam, entre 1972 et 1974: Johannes Gachnang, plasticien, et par la suite commissaire d’exposition (Documenta 7, par exemple), qui dirige à l’époque le programme du Goethe-Institut à Amsterdam; André Thomkins, exposé par le Goethe-Institut, et Markus Raetz, qui réside au même moment dans la métropole néerlandaise. Très tôt déjà, Gaspare O. Melcher se trouve confronté aux travaux d’Alberto Giacometti et d’Adolf Wölfli, qui vont rester pour lui des modèles. Vis-à-vis d’Emilio Vedova, ce rebelle dont il est l’assistant durant une brève période (académie d’été de Salzbourg en 1969), il éprouvera une sorte d’amour-haine. Quant à Dieter Roth et Jean Tinguely, il les considère comme de lointains parents. Bien évidemment, il connaît et apprécie leurs oeuvres dont il saisit toute la portée, mais ne développera pas pour autant de contacts plus étroits avec eux. En revanche, il voit non seulement en Matias Spescha un artiste extrêmement sensible, mais se sent aussi certaines affinités avec lui du fait de leurs origines grisonnes communes.
La suite Hommages montre bien toute l’originalité dont témoigne Melcher dans la pratique du collage. L’artiste y instille avec bonheur la cohérence d’un langage plastique qu’il a élaboré au fil des années, et qui se voit du même coup renouvelé.
Image: G.O. Melcher, Hommage à J.T., 2012. Collage. 95 x 95 cm