CHROMOPHOBIA
Gagosian Genève
19 place de Longemalle - Genève
27/1/2015 - 27/3/2015
La Chromophobie se manifeste dans les tentatives nombreuses et variées d’éliminer la couleur dans la culture, de dévaluer la couleur, de diminuer son importance, de nier sa complexité.
—David Batchelor
Gagosian Genève est heureuse de présenter l’exposition “Chromophobia,” qui s’inspire des écrits de l’artiste David Batchelor et qui rassemble des œuvres de Davide Balula, Alan Charlton, Dadamaino, Edmund de Waal, Piero Golia, Loris Gréaud, Callum Innes, Wyatt Kahn, Piero Manzoni, Olivier Mosset, Steven Parrino, Sterling Ruby, Robert Ryman, Richard Serra, Turi Simeti, David Smith, Blair Thurman, Rachel Whiteread, et Christopher Wool.
Dans son livre Chromophobia (2000), Batchelor identifie une suppression généralisée de la couleur dans l’art et la culture occidentale, examinant comment et pourquoi les artistes, architectes, et auteurs peuvent rejeter la couleur, en tant que stratégie principale ou dans des œuvres spécifiques. Adoptant son diagnostic comme concept curatorial, l’exposition rassemble des peintures, sculptures, et œuvres sur papier dans lesquelles les artistes éliminent la couleur pour mettre en valeur la forme, le processus, et le matériau.
Certains artistes emploient le noir et le blanc pour représenter des vides illusoires et des espaces en négatif ou, à l’inverse, une réalité physique. Avec Volume (1959), une toile noire percée de trous par l’artiste milanais Dadamaino, le mur de la galerie s’inscrit comme un élément de composition; dans Achrome (1958), Piero Manzoni a recouvert la toile de gesso mélangé avec de la colle et du kaolin, puis l’a drapée sur un support où elle s’est affaissée et plissée au fur et à mesure qu’elle séchait. Slow Weight (1993), par Richard Serra, un rectangle noir réalisé avec un bâton à l’huile épais sur papier, revendique une présence sculpturale et olfactive palpable dans l’espace.
Apportant une véritable sensibilité punk à l’histoire de l’abstraction, dès le début des années 70, Steven Parrino commença à bouleverser le traditionnel rectangle noir en le perforant ou en le tordant, ou utilisant de la peinture noire issue de l’industrie automobile. Dans des œuvres créées spécifiquement pour cette exposition, Blair Thurman interroge de la même manière les limites de la surface peinte en combinant de la peinture et des néons, alors que Davide Balula utilise des produits chimiques industriels, permettant à des résidus organiques fortuits de se déposer. Dans sa sculpture Coloring the Wi-Fi (2015), Balula rend la couleur immatérielle, en la transformant en ondes radios pouvant être capturées digitalement.
Les représentations en négatif d’espaces de Rachel Whiteread prennent souvent la forme de sculptures en résine délicatement colorées, mais dans une rare céramique de 2000–01, elle joue sur la relation entre l’intérieur et l’extérieur, par un fort contraste entre noir et blanc. Edmund De Waal engage l’espace autour et entre ses pots faits main de différentes manières, en réutilisant le matériau traditionnel dans des suites minimalistes installées dans des cabinets monochromes noirs ou blancs. Le Stove (2013) noir de Sterling Ruby, pleinement fonctionnel, commémore le cœur de son enfance et sa maison dans la Pennsylvanie rurale.
En citant la volonté de Frank Stella de « garder la peinture aussi belle qu’elle l’est dans le pot », Batchelor décrit le déploiement généralisé des peintures industrielles et domestiques pendant les années 1960 comme la prédiction d’un changement sismique dans la peinture—notamment le désir sans précédent de certains artistes d’éviter toute trace de la main. A la fin des années 1980, Christopher Wool commença à utiliser des pochoirs et de nouveaux rouleaux à peinture pour appliquer des blocs de texte et des motifs décoratifs recouvrant complètement du papier, de la toile, et des panneaux d’aluminium peints en blancs. Entre 1966 et 1974, Olivier Mosset produisit plus de 200 œuvres identiques représentant un cercle noir peint au centre d’une toile blanche, démontrant sa quête permanente de l’ambivalence comme pureté formelle—une attitude parfaitement illustrée plus tardivement avec Untitled (2010), une imposante toile vierge recouverte de polyuréthane blanc.
Les œuvres présentées dans cette exposition ne sont pas passivement sans couleur; elles emploient plutôt délibérément les caractéristiques de nouveauté, d’absolu, de néant, et d’infini conférées par le noir et le blanc.
Gagosian Genève
19 place de Longemalle - Genève
27/1/2015 - 27/3/2015
La Chromophobie se manifeste dans les tentatives nombreuses et variées d’éliminer la couleur dans la culture, de dévaluer la couleur, de diminuer son importance, de nier sa complexité.
—David Batchelor
Gagosian Genève est heureuse de présenter l’exposition “Chromophobia,” qui s’inspire des écrits de l’artiste David Batchelor et qui rassemble des œuvres de Davide Balula, Alan Charlton, Dadamaino, Edmund de Waal, Piero Golia, Loris Gréaud, Callum Innes, Wyatt Kahn, Piero Manzoni, Olivier Mosset, Steven Parrino, Sterling Ruby, Robert Ryman, Richard Serra, Turi Simeti, David Smith, Blair Thurman, Rachel Whiteread, et Christopher Wool.
Dans son livre Chromophobia (2000), Batchelor identifie une suppression généralisée de la couleur dans l’art et la culture occidentale, examinant comment et pourquoi les artistes, architectes, et auteurs peuvent rejeter la couleur, en tant que stratégie principale ou dans des œuvres spécifiques. Adoptant son diagnostic comme concept curatorial, l’exposition rassemble des peintures, sculptures, et œuvres sur papier dans lesquelles les artistes éliminent la couleur pour mettre en valeur la forme, le processus, et le matériau.
Certains artistes emploient le noir et le blanc pour représenter des vides illusoires et des espaces en négatif ou, à l’inverse, une réalité physique. Avec Volume (1959), une toile noire percée de trous par l’artiste milanais Dadamaino, le mur de la galerie s’inscrit comme un élément de composition; dans Achrome (1958), Piero Manzoni a recouvert la toile de gesso mélangé avec de la colle et du kaolin, puis l’a drapée sur un support où elle s’est affaissée et plissée au fur et à mesure qu’elle séchait. Slow Weight (1993), par Richard Serra, un rectangle noir réalisé avec un bâton à l’huile épais sur papier, revendique une présence sculpturale et olfactive palpable dans l’espace.
Apportant une véritable sensibilité punk à l’histoire de l’abstraction, dès le début des années 70, Steven Parrino commença à bouleverser le traditionnel rectangle noir en le perforant ou en le tordant, ou utilisant de la peinture noire issue de l’industrie automobile. Dans des œuvres créées spécifiquement pour cette exposition, Blair Thurman interroge de la même manière les limites de la surface peinte en combinant de la peinture et des néons, alors que Davide Balula utilise des produits chimiques industriels, permettant à des résidus organiques fortuits de se déposer. Dans sa sculpture Coloring the Wi-Fi (2015), Balula rend la couleur immatérielle, en la transformant en ondes radios pouvant être capturées digitalement.
Les représentations en négatif d’espaces de Rachel Whiteread prennent souvent la forme de sculptures en résine délicatement colorées, mais dans une rare céramique de 2000–01, elle joue sur la relation entre l’intérieur et l’extérieur, par un fort contraste entre noir et blanc. Edmund De Waal engage l’espace autour et entre ses pots faits main de différentes manières, en réutilisant le matériau traditionnel dans des suites minimalistes installées dans des cabinets monochromes noirs ou blancs. Le Stove (2013) noir de Sterling Ruby, pleinement fonctionnel, commémore le cœur de son enfance et sa maison dans la Pennsylvanie rurale.
En citant la volonté de Frank Stella de « garder la peinture aussi belle qu’elle l’est dans le pot », Batchelor décrit le déploiement généralisé des peintures industrielles et domestiques pendant les années 1960 comme la prédiction d’un changement sismique dans la peinture—notamment le désir sans précédent de certains artistes d’éviter toute trace de la main. A la fin des années 1980, Christopher Wool commença à utiliser des pochoirs et de nouveaux rouleaux à peinture pour appliquer des blocs de texte et des motifs décoratifs recouvrant complètement du papier, de la toile, et des panneaux d’aluminium peints en blancs. Entre 1966 et 1974, Olivier Mosset produisit plus de 200 œuvres identiques représentant un cercle noir peint au centre d’une toile blanche, démontrant sa quête permanente de l’ambivalence comme pureté formelle—une attitude parfaitement illustrée plus tardivement avec Untitled (2010), une imposante toile vierge recouverte de polyuréthane blanc.
Les œuvres présentées dans cette exposition ne sont pas passivement sans couleur; elles emploient plutôt délibérément les caractéristiques de nouveauté, d’absolu, de néant, et d’infini conférées par le noir et le blanc.