JEAN-FRANÇOIS
CHEVRIER
L'HALLUCINTATION ARTISTIQUE
De William Blake à Sgmar Polke
L'Arachnéen, 2012
L’Hallucination artistique, le sixième de la série des ouvrages de Jean-François Chevrier publié à L’Arachnéen, n’est pas un recueil mais un livre à part entière. Il « raconte », en dix-huit chapitres inédits, l’histoire de la place de l’hallucination dans l’art au cours des deux derniers siècles, depuis la naissance de la psychiatrie, au début du XIXe siècle, jusqu’au début du XXIe siècle ; il s’achève avec un chapitre sur l’oeuvre du peintre allemand Sigmar Polke, mort en 2010.
Le sujet de ce livre est l’hallucination artistique. À ce titre il s’apparente et se distingue des nombreux ouvrages et expositions qui traitent de sujets analogues : l’hypnose, l’occultisme, l’art brut. En effet, il ne porte pas sur les manifestations de l’hallucination. Il considère l’hallucination comme un élément constitutif de la perception et de l’imagination artistiques, indépendamment de la « folie » qui a valu à certains artistes et poètes d’être internés. L’hallucination, dans ce livre, n’est donc pas considérée dans son acception pathologique, mais en tant qu’elle transforme la vue en vision, la description en imagination, la réalité en images. Elle a donc une fonction créatrice, critique, voire subversive : dans la lignée de Rimbaud, reprise plus tard par le surréalisme, l’hallucination « positive » est une méthode de voyance, une stimulation de l’imagination ; dans la lignée de Mallarmé, l’hallucination « négative » est une protestation contre l’encombrement des images sensibles. Cette approche de l’art et la littérature (car le livre associe définitivement les deux domaines) par l’hallucination est entièrement nouvelle.
Jean-François Chevrier a opté pour un récit chronologique, de manière à faire apparaître une « histoire de l’hallucination », telle qu’elle se modifie à la faveur des événements historiques et des courants de pensée, et telle qu’à son tour elle influe sur les images et les formes. Après deux chapitres introductifs, dont l’un porte sur le réalisme et Flaubert – qui inventa la notion d’« hallucination artistique » – et l’autre sur les définitions de l’hallucination proposées par la psychiatrie naissante, l'auteur s’attache essentiellement à des oeuvres (voir le sommaire). Les chapitres sont émaillés de citations et d’analyses détaillées des textes, tableaux, gravures, films. Tout en suivant une ligne chronologique, il reconstitue des réseaux de correspondances par-delà l’espace et le temps : Polke se prétend en relation télépathique avec Blake et Max Klinger, Rimbaud critique Turner, Baudelaire fait l’éloge de Meryon contre la vue descriptive, Munch et Strindberg se retrouvent à Paris, Artaud rejoue Nerval, Kafka est hanté par Cervantès et Dostoïevski, Pollock nomme un tableau d’après Joyce, Bruce Conner reprend Dante et Blake à son compte… L’auteur mime la machinerie hallucinatoire, rejoue le principe des associations inconscientes, et tisse ainsi une sidérante toile arachnéenne….
L’Hallucination artistique s’accompagne de plus de cent quatre vingt illustrations en couleur et en noir et blanc, reproduites en début ou fin de chaque chapitre. Cet ensemble d’images reconstitue deux siècles d’une histoire de l’art que nous croyons connaître, celle à laquelle appartiennent Goya, Géricault, Turner, Redon, Picasso, Munch, Grosz, Miró, Tanning, Conner. Le livre de Jean-François Chevrier déplace le regard ; il propose aux spectateurs-lecteurs que nous sommes de « participer » au phénomène de la création artistique, en cherchant à voir au travers des formes ce qui hanta l’artiste et ce qui nous hante. Par là même il s’associe à la protestation contre l’idéologique consumériste et comportementaliste actuelle, qui veut réduire l’individu à la performance et à la maîtrise de ses émotions.
L'HALLUCINTATION ARTISTIQUE
De William Blake à Sgmar Polke
L'Arachnéen, 2012
L’Hallucination artistique, le sixième de la série des ouvrages de Jean-François Chevrier publié à L’Arachnéen, n’est pas un recueil mais un livre à part entière. Il « raconte », en dix-huit chapitres inédits, l’histoire de la place de l’hallucination dans l’art au cours des deux derniers siècles, depuis la naissance de la psychiatrie, au début du XIXe siècle, jusqu’au début du XXIe siècle ; il s’achève avec un chapitre sur l’oeuvre du peintre allemand Sigmar Polke, mort en 2010.
Le sujet de ce livre est l’hallucination artistique. À ce titre il s’apparente et se distingue des nombreux ouvrages et expositions qui traitent de sujets analogues : l’hypnose, l’occultisme, l’art brut. En effet, il ne porte pas sur les manifestations de l’hallucination. Il considère l’hallucination comme un élément constitutif de la perception et de l’imagination artistiques, indépendamment de la « folie » qui a valu à certains artistes et poètes d’être internés. L’hallucination, dans ce livre, n’est donc pas considérée dans son acception pathologique, mais en tant qu’elle transforme la vue en vision, la description en imagination, la réalité en images. Elle a donc une fonction créatrice, critique, voire subversive : dans la lignée de Rimbaud, reprise plus tard par le surréalisme, l’hallucination « positive » est une méthode de voyance, une stimulation de l’imagination ; dans la lignée de Mallarmé, l’hallucination « négative » est une protestation contre l’encombrement des images sensibles. Cette approche de l’art et la littérature (car le livre associe définitivement les deux domaines) par l’hallucination est entièrement nouvelle.
Jean-François Chevrier a opté pour un récit chronologique, de manière à faire apparaître une « histoire de l’hallucination », telle qu’elle se modifie à la faveur des événements historiques et des courants de pensée, et telle qu’à son tour elle influe sur les images et les formes. Après deux chapitres introductifs, dont l’un porte sur le réalisme et Flaubert – qui inventa la notion d’« hallucination artistique » – et l’autre sur les définitions de l’hallucination proposées par la psychiatrie naissante, l'auteur s’attache essentiellement à des oeuvres (voir le sommaire). Les chapitres sont émaillés de citations et d’analyses détaillées des textes, tableaux, gravures, films. Tout en suivant une ligne chronologique, il reconstitue des réseaux de correspondances par-delà l’espace et le temps : Polke se prétend en relation télépathique avec Blake et Max Klinger, Rimbaud critique Turner, Baudelaire fait l’éloge de Meryon contre la vue descriptive, Munch et Strindberg se retrouvent à Paris, Artaud rejoue Nerval, Kafka est hanté par Cervantès et Dostoïevski, Pollock nomme un tableau d’après Joyce, Bruce Conner reprend Dante et Blake à son compte… L’auteur mime la machinerie hallucinatoire, rejoue le principe des associations inconscientes, et tisse ainsi une sidérante toile arachnéenne….
L’Hallucination artistique s’accompagne de plus de cent quatre vingt illustrations en couleur et en noir et blanc, reproduites en début ou fin de chaque chapitre. Cet ensemble d’images reconstitue deux siècles d’une histoire de l’art que nous croyons connaître, celle à laquelle appartiennent Goya, Géricault, Turner, Redon, Picasso, Munch, Grosz, Miró, Tanning, Conner. Le livre de Jean-François Chevrier déplace le regard ; il propose aux spectateurs-lecteurs que nous sommes de « participer » au phénomène de la création artistique, en cherchant à voir au travers des formes ce qui hanta l’artiste et ce qui nous hante. Par là même il s’associe à la protestation contre l’idéologique consumériste et comportementaliste actuelle, qui veut réduire l’individu à la performance et à la maîtrise de ses émotions.