UNE AGITATION VAGABONDE: GRUPPE
SPUR
Sammlung Hurrle Durbach
Almstrasse 49 - Durbach
du 15 décembre 2013 au 18 mai 2014
Lothar Fischer (1933-2004), Heimrad Prem (1934-1978), Helmut Sturm (1932-2008) et Hans Peter Zimmer (1936-1992) constituent le noyau dur du groupe et phénomène SPUR dont les protagonistes se sont unis pour différents motifs, qui - et il en est ainsi pour toutes les formations de groupe - les rassemblent pendant un certain temps pour les contraindre à se séparer ensuite. Le "groupe SPUR" a tenu huit longues années, de 1957 à 1965, sans parler des liens d'amitié qui ont perduré plus longtemps encore. C'est la formation du groupe de rock "classique" des années 60 qui sert de modèle de comparaison le plus proche pour nous aujourd'hui, car elle nous permet bien mieux de nous imaginer le train-train quotidien des répétitions, les artistes, heureux, absorbés par le flow musical, les représentations souvent improvisées et les déboires causés par les cachets retenus. Et au milieu de cette nuit qui n'en veut pas finir, le public, lui, a également sa place - en face. Quatre individus, trois peintres et un plasticien, saisissent l'initiative.
Les peintres pur-sang que sont Prem et Sturm se sont épris d'amitié au début des années 50, à l'École des beaux-arts de Munich; ils ont repéré Lothar Fischer, marginal replié sur lui-même mais travailleur dans la classe de Heinrich Kirchner, et ont trouvé du renfort en 1957 avec le berlinois HP Zimmer, un intellectuel et critique rosse. Au fil des années et selon leur vision des choses, c'était en majeure partie l'interaction de ces quatre individualistes qui avait permis de toujours renouveler le groupe SPUR. Erwin Eisch, Gretel Stadler, Uwe Lausen, Jaqueline de Jong, Asger Jorn et Dieter Kunzelmann enrichissent le groupe chacun à leur manière, à différentes périodes. Prem, Sturm et Eisch étaient originaires de la forêt de Bavière. Ils avaient déjà expérimenté l'abondance débordante du baroque dans leur propre chair étant enfants. La Wiesn, la Wies, l'ensemble des oeuvres de Schongauer, Dürer et Grien étaient terrain connu. Kandinsky, le peintre des œuvres sous verre, valait comme un précurseur à prendre encore plus au sérieux. Avides de savoir, on avait vite fait de s'accorder sur ce qui pouvait encore servir dans l'art moderne: Beckmann, Klee et van Gogh avaient bien sûr leur place dans la sélection. On ne connaissait pas ce qui venait nouvellement de Paris, - à moins d'en avoir entendu parler ou de l'avoir vu en noir et blanc, et cela n'était pas considéré comme une véritable "connaissance"au sein du groupe SPUR.
Encore à ses débuts, SPUR trouve un allié: Hans Platschek. Dans son livre "Neue Figurationen". De son atelier de peinture, il ouvre la voie au-delà du langage alors mondialement répandu, celui de l'abstraction. C'est le danois Asger Jorn qui devient le principal initiateur; grâce à lui, SPUR n'exposera non seulement pour la première fois à l'étranger, mais entrera également en contact avec l'Internationale Situationniste (I.S.). Ce regroupement devait donner des maîtres à penser à l'Europe pour les dix prochaines années et chasser une dernière fois le fantôme de l'avant-garde des rues métropolitaines. En 1959, SPUR devient membre de l'I.S. lors de la troisième "Conférence internationale" tenue à Munich, avant d'en être à nouveau exclue en 1962, comme de nombreux autres artistes. Les années passées au sein de l'I.S. ne munit pas seulement la "section allemande" SPUR de nombreux contacts internationaux, mais également de nouveaux moyens conceptuels. Il s'agit de l'ensemble, bien évidemment d'une critique à l'égard de la vie quotidienne et de la "construction de situations".
Les artistes voyaient cela comme une chance que de pouvoir étendre de manière collective les secrets de l'imagination, les possibilités, l'"image" à travers l'échange et l'exploration pratique de son contexte. Parmi les moyens employés figurent une spontanéité forcée, de libres mouvements linéaires, la foi en la charge imaginative de l'événement couleur et espace émergeant de la "profondeur du tableau", ainsi que des allusions à des fragments de réalité. "Un bout de monde" est créé sur la toile de manière ludique, et par là une image "nouvelle" que personne n'a jamais vue, une réalité nouvelle qui répond à l'exigence d'être une vraie "chose" dans ce monde.
L'exposition Une agitation vagabonde - Groupe SPUR au Musée d'art contemporain de Durbach rassemble près de 120 œuvres d'art, de nombreux documents ainsi que le film "So ein Ding muss ich auch haben" ("Moi aussi je veux un truc comme ça") réalisé par Albert Mertz en 1961. Les tableaux et objets d'art font le panorama plein de vigueur d'un groupe de jeunes artistes qui jouissaient d'une renommée internationale déjà à leur époque. La peinture du groupe SPUR, aux couleurs souvent criardes, aux multiples facettes et se célébrant toujours tel l'événement du moment, semble en interaction avec les artistes ayant accompagné le groupe de manière significative entre 1957 et 1965. Des exemples montrant une évolution parallèle dans le groupe WIR à Munich et dans la Nouvelle figuration à Karlsruhe avec HAP Grieshaber viennent compléter l'aperçu de cette époque.
Une publication du même nom avec une centaine d'illustrations couleur paraîtra à l'occasion de l'exposition. Articles d'Axel Heil, Rüdiger Hurrle, Andreas Neufert et Hans Platschek entre autres aux éditions Wunderhorn, Heidelberg (environ 100 pages).
Sammlung Hurrle Durbach
Almstrasse 49 - Durbach
du 15 décembre 2013 au 18 mai 2014
Lothar Fischer (1933-2004), Heimrad Prem (1934-1978), Helmut Sturm (1932-2008) et Hans Peter Zimmer (1936-1992) constituent le noyau dur du groupe et phénomène SPUR dont les protagonistes se sont unis pour différents motifs, qui - et il en est ainsi pour toutes les formations de groupe - les rassemblent pendant un certain temps pour les contraindre à se séparer ensuite. Le "groupe SPUR" a tenu huit longues années, de 1957 à 1965, sans parler des liens d'amitié qui ont perduré plus longtemps encore. C'est la formation du groupe de rock "classique" des années 60 qui sert de modèle de comparaison le plus proche pour nous aujourd'hui, car elle nous permet bien mieux de nous imaginer le train-train quotidien des répétitions, les artistes, heureux, absorbés par le flow musical, les représentations souvent improvisées et les déboires causés par les cachets retenus. Et au milieu de cette nuit qui n'en veut pas finir, le public, lui, a également sa place - en face. Quatre individus, trois peintres et un plasticien, saisissent l'initiative.
Les peintres pur-sang que sont Prem et Sturm se sont épris d'amitié au début des années 50, à l'École des beaux-arts de Munich; ils ont repéré Lothar Fischer, marginal replié sur lui-même mais travailleur dans la classe de Heinrich Kirchner, et ont trouvé du renfort en 1957 avec le berlinois HP Zimmer, un intellectuel et critique rosse. Au fil des années et selon leur vision des choses, c'était en majeure partie l'interaction de ces quatre individualistes qui avait permis de toujours renouveler le groupe SPUR. Erwin Eisch, Gretel Stadler, Uwe Lausen, Jaqueline de Jong, Asger Jorn et Dieter Kunzelmann enrichissent le groupe chacun à leur manière, à différentes périodes. Prem, Sturm et Eisch étaient originaires de la forêt de Bavière. Ils avaient déjà expérimenté l'abondance débordante du baroque dans leur propre chair étant enfants. La Wiesn, la Wies, l'ensemble des oeuvres de Schongauer, Dürer et Grien étaient terrain connu. Kandinsky, le peintre des œuvres sous verre, valait comme un précurseur à prendre encore plus au sérieux. Avides de savoir, on avait vite fait de s'accorder sur ce qui pouvait encore servir dans l'art moderne: Beckmann, Klee et van Gogh avaient bien sûr leur place dans la sélection. On ne connaissait pas ce qui venait nouvellement de Paris, - à moins d'en avoir entendu parler ou de l'avoir vu en noir et blanc, et cela n'était pas considéré comme une véritable "connaissance"au sein du groupe SPUR.
Encore à ses débuts, SPUR trouve un allié: Hans Platschek. Dans son livre "Neue Figurationen". De son atelier de peinture, il ouvre la voie au-delà du langage alors mondialement répandu, celui de l'abstraction. C'est le danois Asger Jorn qui devient le principal initiateur; grâce à lui, SPUR n'exposera non seulement pour la première fois à l'étranger, mais entrera également en contact avec l'Internationale Situationniste (I.S.). Ce regroupement devait donner des maîtres à penser à l'Europe pour les dix prochaines années et chasser une dernière fois le fantôme de l'avant-garde des rues métropolitaines. En 1959, SPUR devient membre de l'I.S. lors de la troisième "Conférence internationale" tenue à Munich, avant d'en être à nouveau exclue en 1962, comme de nombreux autres artistes. Les années passées au sein de l'I.S. ne munit pas seulement la "section allemande" SPUR de nombreux contacts internationaux, mais également de nouveaux moyens conceptuels. Il s'agit de l'ensemble, bien évidemment d'une critique à l'égard de la vie quotidienne et de la "construction de situations".
Les artistes voyaient cela comme une chance que de pouvoir étendre de manière collective les secrets de l'imagination, les possibilités, l'"image" à travers l'échange et l'exploration pratique de son contexte. Parmi les moyens employés figurent une spontanéité forcée, de libres mouvements linéaires, la foi en la charge imaginative de l'événement couleur et espace émergeant de la "profondeur du tableau", ainsi que des allusions à des fragments de réalité. "Un bout de monde" est créé sur la toile de manière ludique, et par là une image "nouvelle" que personne n'a jamais vue, une réalité nouvelle qui répond à l'exigence d'être une vraie "chose" dans ce monde.
L'exposition Une agitation vagabonde - Groupe SPUR au Musée d'art contemporain de Durbach rassemble près de 120 œuvres d'art, de nombreux documents ainsi que le film "So ein Ding muss ich auch haben" ("Moi aussi je veux un truc comme ça") réalisé par Albert Mertz en 1961. Les tableaux et objets d'art font le panorama plein de vigueur d'un groupe de jeunes artistes qui jouissaient d'une renommée internationale déjà à leur époque. La peinture du groupe SPUR, aux couleurs souvent criardes, aux multiples facettes et se célébrant toujours tel l'événement du moment, semble en interaction avec les artistes ayant accompagné le groupe de manière significative entre 1957 et 1965. Des exemples montrant une évolution parallèle dans le groupe WIR à Munich et dans la Nouvelle figuration à Karlsruhe avec HAP Grieshaber viennent compléter l'aperçu de cette époque.
Une publication du même nom avec une centaine d'illustrations couleur paraîtra à l'occasion de l'exposition. Articles d'Axel Heil, Rüdiger Hurrle, Andreas Neufert et Hans Platschek entre autres aux éditions Wunderhorn, Heidelberg (environ 100 pages).