DORA GARCIA
THE JOYCEAN SOCIETY
Centre d'Art Contemporan - Cinema Dynamo
10, rue des Vieux Grenadiers - Geneve 27.11.13 — 05.01.14
Projeté parfois au sein d’une installation plus large, et produit par la plateforme de production et de distribution Auguste Orts (présentée au Cinéma Dynamo durant l’été 2013), « The Joycean Society » est un film qui soustrait davantage qu’il additionne.
Un groupe de lecture, basé à Zürich, se réunit et parle, décompose phrase après phrase, mot après mot, le fameux « Finnegans Wake » de l’auteur James Joyce. Amorcée en 1986, la première lecture du texte, réputé pour sa coriacité et la variété de ses interprétations possibles, donna lieu à une seconde, plus d’une dizaine d’années plus tard, qui se poursuit aujourd’hui et ne saurait marquer la fin de cette entreprise. Ils se retrouvent fidèlement depuis presque trente ans, et l’on discerne des liens, sans toutefois connaître leur teneur dans le quotidien. Peut-être la vie extérieure semble-t-elle dérisoire – ou trop pragmatique – face à cet exercice collectif, calme et inébranlable, utopique dans son détachement de tout impératif économique ou de productivité. La « société » joycienne est une société par antithèse. Il n’est pas ici question de reproduire un quelconque schéma social, bien plutôt de s’en extraire, de s’en libérer tout du moins l’espace de cette rencontre, et de s’immerger dans une quête aux confins de la folie (celle de l’auteur comme celle du lecteur, cette notion étant dénuée dans ce contexte de toute teinte péjorative).
Un processus hors du temps, comme l’est souvent la pratique de Dora García; l’artiste observe respectueusement ces échanges et interactions, et ménage au film un temps proche du réel, n’insérant que quelques éléments « extérieurs » – des commentaires d’un expert de Joyce, des images de la tombe de l’auteur –, comme pour ne pas interférer ou déranger ce moment précieux. A la lecture orale du texte qui s’affirme comme un élément central de la rencontre du groupe, répond le travail extrêmement précis du son, qui confère au film une profondeur délicate.
Image: Dora Garcia, still from "The Joycean Society", 2013, vidéo, couleur, 53'.
THE JOYCEAN SOCIETY
Centre d'Art Contemporan - Cinema Dynamo
10, rue des Vieux Grenadiers - Geneve 27.11.13 — 05.01.14
Projeté parfois au sein d’une installation plus large, et produit par la plateforme de production et de distribution Auguste Orts (présentée au Cinéma Dynamo durant l’été 2013), « The Joycean Society » est un film qui soustrait davantage qu’il additionne.
Un groupe de lecture, basé à Zürich, se réunit et parle, décompose phrase après phrase, mot après mot, le fameux « Finnegans Wake » de l’auteur James Joyce. Amorcée en 1986, la première lecture du texte, réputé pour sa coriacité et la variété de ses interprétations possibles, donna lieu à une seconde, plus d’une dizaine d’années plus tard, qui se poursuit aujourd’hui et ne saurait marquer la fin de cette entreprise. Ils se retrouvent fidèlement depuis presque trente ans, et l’on discerne des liens, sans toutefois connaître leur teneur dans le quotidien. Peut-être la vie extérieure semble-t-elle dérisoire – ou trop pragmatique – face à cet exercice collectif, calme et inébranlable, utopique dans son détachement de tout impératif économique ou de productivité. La « société » joycienne est une société par antithèse. Il n’est pas ici question de reproduire un quelconque schéma social, bien plutôt de s’en extraire, de s’en libérer tout du moins l’espace de cette rencontre, et de s’immerger dans une quête aux confins de la folie (celle de l’auteur comme celle du lecteur, cette notion étant dénuée dans ce contexte de toute teinte péjorative).
Un processus hors du temps, comme l’est souvent la pratique de Dora García; l’artiste observe respectueusement ces échanges et interactions, et ménage au film un temps proche du réel, n’insérant que quelques éléments « extérieurs » – des commentaires d’un expert de Joyce, des images de la tombe de l’auteur –, comme pour ne pas interférer ou déranger ce moment précieux. A la lecture orale du texte qui s’affirme comme un élément central de la rencontre du groupe, répond le travail extrêmement précis du son, qui confère au film une profondeur délicate.
Image: Dora Garcia, still from "The Joycean Society", 2013, vidéo, couleur, 53'.