lunedì 8 aprile 2013

RAYMOND BELLOUR: LA QUERELLE DES DISPOSITIFS - POL 2012



RAYMOND BELLOUR
LA QUERELLE DES DISPOSITIFS
cinéma - installations, expositions
POL, 23/11/2012

– Dites-moi au moins l’argument de la querelle.
 – Oh ?! il est si simple qu’il paraît pauvre face à tant de points de vue qui aménagent plus ou moins une dilution du cinéma dans l’art contemporain, et son histoire à l’intérieur de l’histoire de l’art. La projection vécue d’un film en salle, dans le noir, le temps prescrit d’une séance plus ou moins collective, est devenue et reste la condition d’une expérience unique de perception et de mémoire, définissant son spectateur et que toute situation autre de vision altère plus ou moins. Et cela seul vaut d’être appelé « cinéma ».
 – Vous ne suggérez tout de même pas une primauté de l’expérience du spectateur de cinéma sur les expériences multiples du visiteur-spectateur des images en mouvement de l’art dont on tend à le rapprocher? ?
 – Évidemment non. Il s’agit simplement de marquer qu’en dépit des passages opérant de l’une aux autres et inversement, ce sont là deux expériences trop différentes pour qu’on accepte de les voir confondues. On n’oblige personne à se satisfaire de la « vision bloquée » de la salle de cinéma. Ce « désert de Cameraland », disait Smithson, ce « coma permanent ». On peut préférer la flânerie, la liberté du corps et de l’esprit, la méditation libre, l’éclair de l’idée. On peut aussi, comme Beckett, se sentir « mieux assis que debout et couché qu’assis ». Simplement, chaque fois cela n’est pas pareil, on ne sent ni on ne pense vraiment les mêmes choses. Bref, ce n’est pas le même corps. D’où la nécessité de marquer des pôles opposés pour mieux saisir tant de positions intermédiaires.


Les essais rassemblés dans ce livre, écrits entre 1999 et 2012, évoquent parmi d’autres les artistes et cinéastes Eija-Liisa Ahtila, Chantal Akerman, Zoe Beloff, James Benning, Dara Birnbaum, Jean-Louis Boissier, Janet Cardiff et George Bures Miler, Hans Castorf, David Claerbout, James Coleman, Pedro Costa, Harun Farocki, Masaki Fujihata, Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi, Douglas Gordon, Pierre-Marie Goulet, Philippe Grandrieux, Gary Hill, Alfredo Jaar, Ken Jacobs, Rinko Kawauchi, Thierry Kuntzel, Fritz Lang, Chris Marker, Cildo Meireles, Jonas Mekas, Avi Mograbi, Antoni Muntadas, Max Ophuls, Tony Oursler, Pipilotti Rist, Doug Aitken, Tania Ruiz Gutiérrez, Sarkis, Shelly Silver, Robert Smithson, Michael Snow, Beat Streuli, Sam Taylor-Wood, Eulalia Valldosera, Danielle Vallet Kleiner, Agnès Varda, Bill Viola, Jeff Wall, Apichatpong Weerasethakul.


Raymond Bellour
 1939. Naît à Lyon. Etudes de lettres. Quelques années de conservatoire et de théâtre. Critique de cinéma (quotidiens, hebdos locaux, puis Cinéma, Lettres françaises).
 1963. Fonde la revue Artsept.
 1964. Entre au CNRS, où il restera (grâce à Etienne Souriau - il y est aujourd’hui directeur de recherches). Premier livre sur le cinéma (Alexandre Astruc, 1963), premier livre sur la littérature (Henri Michaux, 1965). Il ne cessera d’osciller de l’un à l’autre. Un roman. S’enfonce dans l’analyse de films. Et dans les Juvenilia des Brontë (un choix publié chez Pauvert en 1972). Journalisme littéraire, par bouffées régulières. Des entretiens (Le livre des autres, 1971, 1978). Des cours (intermittents) de cinéma à l’étranger (États-Unis surtout). Participe à la fondation (1973) du Centre Parisien d’Etudes Critiques où il enseignera longtemps à temps partiel. De la radio (un bon medium). 1979. Doctorat d’État (sur travaux : « l’analyse du film » – en livre cette même année). 1982-1984. Essaie (vainement) d’intéresser le CNRS (en mal de réforme) à l’audiovisuel, au cinéma.
 1986-1988. Enseigne à temps complet à Paris III (où il a conservé longtemps un séminaire). Depuis le début des années 80, un intérêt grandissant pour la vidéo, la photo, les régimes (mixtes) d’images.
 1989-1990 : Exposition Passages de l’image (avec C. David et C. van Assche, au centre Pompidou).
 1991. Participe avec Serge Daney à la création de Trafic, revue de cinéma. 1992. Un recueil personnel : Oubli. Retour (minime) aux Brontë (parmi d’autres recherches sur le romantisme, littérature et cinéma – un essai sur Dumas, Mademoiselle Guillotine, 1990). Retour (massif) à Michaux : écriture et peinture, établissement de la Pléiade (tome I, 1998; tome II, 2001; tome III, 2004).
 2002. Un autre recueil personnel : Partages de l’ombre.
 2006-2010. Trois expositions : States of Images : Instants and Intervals (avec Sergio Mah), Belem, Lisbonne ; Thierry Kuntzel Lumières du temps, Le Fresnoy, Tourcoing ; Thierry Kuntzle-Bill Viola Deux éternités proches, Le Fresnoy, Tourcoing.