mercoledì 14 ottobre 2015

SPLENDEURS ET MISÈRES - MUSÉE D'ORSAY, PARIS




SPLENDEURS ET MISÈRES
Images de la prostitution en France (1850-1910)
Musée d'Orsay
1, rue de la Legion d'Honneur - Paris
22/9/2015 - 20/1/2016

Protéiforme et insaisissable, la prostitution est omniprésente dans la société parisienne du second dix-neuvième siècle. Dans le sillage de Baudelaire, les artistes voient en elle le sujet moderne et antiacadémique par excellence. L’exposition Splendeurs et misères, la première consacrée à ce thème, montre la façon dont les artistes établis à Paris entre le Second Empire et la Belle Époque n’ont cessé de rechercher des moyens plastiques et d’explorer les media naissants, tels que la photographie puis le cinématographe, pour représenter l’univers de l’amour tarifé.
Pierre angulaire du système réglementariste qui entend exercer un contrôle strict sur la prostitution, alors considérée comme un « mal nécessaire », la maison close fascine plusieurs générations de peintres. Dans des représentations souvent plus proches du fantasme que des faits observés, Constantin Guys, puis Edgar Degas, Henri de Toulouse-Lautrec ou Emile Bernard suggèrent tantôt l’atmosphère fiévreuse du bordel, tantôt l’intimité des pensionnaires avant l’arrivée du client. À destination des « milliers d’yeux avides » fascinés par l’image argentique, les photographes composent aussi dans leur atelier des scènes qui reconstituent les salons et boudoirs du Second Empire. Ces lieux de sociabilité masculine sont régulièrement présentés comme des promesses d’initiation, de volupté et de transgression.
Loin de se cantonner à des lieux dédiés, la prostitution envahit l’espace public tout au long du dix-neuvième siècle. Sur le boulevard, au théâtre ou à l’opéra, il est souvent difficile de distinguer les femmes honnêtes des femmes vénales. Ces dernières entretiennent l’ambiguïté, et ce jeu des apparences nourrit l’imagination des artistes, à l’instar de Jean Béraud, Louis Anquetin ou Louis Valtat. Moins encadrés que les maisons de tolérance, les cafés, brasseries à femmes, et cafés-concerts voient se développer de nouvelles formes de prostitution. Édouard Manet, Edgar Degas ou Vincent Van Gogh y trouvent pour modèles des figures féminines en proie à l’ivresse mélancolique. Au sommet de l’échelle prostitutionnelle, les courtisanes, « étoiles de la haute prostitution », incarnent une réussite sociale qu’elles manifestent à travers la commande et la diffusion de portraits peints, sculptés ou photographiques. Le raffinement de leurs toilettes et les décors luxueux des hôtels particuliers qu’elles font construire ou aménager brouillent les frontières entre monde et demi-monde. Leur parcours fulgurant, qui débute souvent sur les planches, les érige en modèles aux yeux des jeunes actrices ou danseuses. Mais c’est aussi la haute société qui lorgne du côté des femmes entretenues, prescriptrices en matière de mode et de goût. Ces puissantes femmes « fatales », qui mettent à mal la domination masculine, ressurgissent dans des œuvres allégoriques de Félicien Rops ou de Gustav Adolf Mossa. Dans l’imaginaire symboliste et décadent de la fin du siècle, la prostituée et la femme en arrivent à former une entité indistincte et menaçante, incarnation de tous les vices.
C’est cependant le monde interlope dans sa variété étourdissante, à la fois lugubre et coloré, qui occupe une place centrale dans le développement de la peinture moderne et inspire à Edvard Munch, Frantisek Kupka, Georges Rouault, Auguste Chabaud, Maurice de Vlaminck, Kees Van Dongen ou Pablo Picasso des chefs d’œuvre ouvrant le XXe siècle.

Image: Edgar Degas, Dans un café (L’absinthe), 1873 (© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) — Photo © Hervé Lewandowsk)