domenica 28 dicembre 2014

PAUL KLEE: CLASSE SPÉCIALE - PAS À VENDRE - ZENTRUM PAUL KLEE, BERN





PAUL KLEE
CLASSE SPÉCIALE - PAS À VENDRE
Zentrum Paul Klee
Monument im Fruchtland 3 - Bern
21/10/14 — 01/02/15

Lorsque l’on regarde attentivement les œuvres de Paul Klee, on est frappé par de petites inscriptions comme «SKL», qui signifie «Sonderklasse – unverkäuflich», soit «classe spéciale – pas à vendre». L’artiste distinguait ainsi les œuvres ayant une importance particulière pour lui et qu’il réservait à sa succession. La rétrospective la plus personnelle de Paul Klee – par lui-même.
L’exposition, qui s’appuie sur des recherches scientifiques, réunit pour la première fois plus de cent œuvres appartenant à la catégorie classe spéciale. De 1928 à1933, Paul Klee a classé à part quelque 300 travaux parmi ses œuvres colorées sur papier, en leur attribuant l’abréviation «SKl» ou «Scl», mention appliquée aux œuvres de ladite classe spéciale. Il les soustrayait ainsi au marché de l’art et les distinguait des œuvres cessibles, réparties en huit catégories de prix (I à VIII). La sélection témoigne du regard, très personnel, de l’artiste sur son œuvre : un regard rétrospectif, d’abord, porté sur sa création durant près de trois décennies; puis, à partir de 1928, un regard sélectif porté au fur et à mesure sur sa production artistique. Klee considérait les œuvres relevant de la classe spéciale comme étant des travaux de grande qualité sur le plan artistique ou très significatifs pour lui, personnellement.
Le Zentrum Paul Klee a le privilège de posséder dans sa collection un grand nombre d’œuvres appartenant à cette classe spéciale. Cette sélection du Zentrum Paul Klee est complétée par une série de prêts provenant de musées allemands et de collections particulières. De plus, un grand nombre de documents et d’archives éclairent les raisons secrètes et les connexions passionnantes à l’origine des systèmes élaborés par Klee pour déterminer le prix des œuvres et la mention classe spéciale.
En 1925, la création de la Société Klee et la résiliation de son contrat avec la Galerie Neue Kunst de Hans Goltz à Munich modifient la situation du peintre sur le marché de l’art. Ceci se manifeste dans l’enregistrement méticuleux de ses œuvres et dans la stratégie qui le guide pour fixer lui-même ses prix. Parallèlement à ses relations d’affaires avec les galeristes Alfred Flechtheim et Rudolf Probst, il intègre sciemment certaines œuvres à sa classe spéciale à partir de 1928, les soustrayant ainsi à la vente. Auparavant, il n’avait considéré comme «incessibles» ou «réservées à la succession» que certaines œuvres isolées. Les expositions d’une importance particulière à l’époque du Bauhaus de Weimar constituent un critère important dans l’attribution de la mention classe spéciale. On comprend par ailleurs comment Klee, entre 1928 et 1933, jugeait sa production courante et sélectionnait ses œuvres. Les œuvres choisies pour figurer dans cette classe spéciale témoignent d’une touche très personnelle. Lorsqu’en décembre 1933 Klee émigre et que le marché de l’art s’effondre en Allemagne, l’artiste met fin au système de classe spéciale. À son retour en Suisse, il autorise la vente d’une série d’œuvres portant la mention classe spéciale, pour lesquelles il crée une nouvelle gamme de prix – plus élevés – allant de IX à XVIII.

Paul Klee, Feuille commémorative E, 1924, 122, huile et plume sur papier préparé sur carton, 39,5 x 28 cm, collection privée, Italie