sabato 21 febbraio 2015

ESTHÉTIQUE DU DON - PRESSES UNIVERSITAIRES DE PAU 2015




ESTHÉTIQUE DU DON
De Marcel Mauss aux arts contemporains
Figures de l'art n° 28
Revue d’études esthétiques
Presses Universitaires de Pau et des Pays de l'Adour
(17 février 2015)

Sous la direction de Jacinto LAGEIRA et Agnès LONTRADE Postface d'Alain CAILLE
Inspiré des recherches de Marcel Mauss exposées dans son Essai sur le don (1923-1924) et de La Revue du M.A.U.S.S. (Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales), ce recueil envisage différentes figures du don dans les domaines de l’art et de l’esthétique.

À l’encontre du consensus stipulant que toute relation humaine est nécessairement fondée dans l’utilitarisme, le M.A.U.S.S. montre l’insuffisance, voire la caducité, de cette définition univoque de la société. D’une part, l’anthropologie révèle, à l’instar des travaux de Marcel Mauss, que les sociétés archaïques sont plus enclines à créer des liens pacifiques entre personnes sur la base du don – dans la triade et libre obligation  : Donner, Recevoir et Rendre –, que sur la base du troc, de la monnaie et du marché. D’autre part, il ne faut pas minorer, dans nos propres sociétés occidentales et contemporaines, la portée, tout comme le fondement social et politique, des phénomènes de générosité et de gratuité.
Il ne s’agit pas pour autant de faire preuve d’angélisme : on sait bien que des intérêts sont à l’œuvre dans le don et que gratuité, pure générosité, sont des notions peu terrestres et idéales. Les recherches du M.A.U.S.S. relèvent à juste titre une caricature à laquelle certains contempteurs du don font appel : le don n’existe pas, le monde étant soumis au calcul et à la propriété, et c’est sur cette faillite que se fondent en partie les honneurs de l’art, un des rares domaines résistant aux intérêts, à la cupidité et à l’utilitarisme. C’est ici que s’inscrit cette contribution à une recherche sur le don. À faire de l’art la contrepartie exacte du monde du travail et de l’économie, on inscrit effectivement ce dernier dans une situation autotélique illusoire, source de nombreux malentendus concernant la place de l’artiste dans la société. L’artiste n’a, en effet, jamais été plus désintéressé, par une vertu esthétique magique, que le commun des mortels.
Est-ce à dire pour autant que don, gratuité, loisir et libre jeu soient de pures chimères ? « Sans don, il ne peut y avoir d’art », note Lewis Hyde dans The Gift: Imagination and the Erotic Life of Property. Ce qui plaide en faveur de l’œuvre d’art comme don ou de ce supplément d’âme qui distingue l’objet artistique de la marchandise, repose en réalité moins sur les notions de talent ou de don naturel que sur l’idée d’une valeur d’usage immatérielle et symbolique des œuvres d’art, qui peut ou non, s’inscrire dans le circuit normal des transactions économiques.
Outre les affinités particulières du don et de l’esthétique que ce numéro souhaite interroger, il s’agit aussi de se tourner vers les pratiques artistiques elles-mêmes, dont certaines font explicitement référence au don, tel le Bulletin d’information de l’Internationale lettriste Potlatch (1954-1957).
Si le don n’est pas en soi de l’art, comment l’évoquer dans la singularité des démarches artistiques contemporaines ?