domenica 5 gennaio 2014

JACQUES VILLEGLÉ - GALERIE CORTEX ATHLETICO, BORDEAUX





JACQUES VILLEGLÉ
Galerie Cortex Athletico
20, rue Ferrère - Bordeaux
28/11/2013 - 25/1/2014

Les affiches lacérées de Jacques Villeglé ont généralement été lues à travers l'unique prisme du Nouveau Réalisme, comme un acte d'appropriation de la nature urbaine, que l'on situe historiquement, par rapport au Pop Art ou à l'impasse dans laquelle la peinture se trouvait à l'époque.
Mais au-delà des histoires de l'art bien ordonnées, leur auteur avoue volontiers avoir conservé en lui une sorte d'ambition inavouée, celle de produire une œuvre qui serait à son temps ce que la Comédie humaine balzacienne représentait pour le sien. Une forme de concurrence à l'état-civil, l'expression complexe et vivante d'une époque par des moyens artistiques ; une sorte de «Comédie urbaine», selon l'expression de l'artiste.
Et en effet, on trouve dans l'œuvre de Jacques Villeglé toutes les valeurs, toutes les strates sociales, tous les mouvements qui traversent son temps. Les formes, les images, les mots, les typographies, les idéologies, les gestes, les techniques et le droit, tout est là.
Par l'utilisation d'un matériau éphémère, l'affiche publique, et d'un geste de braconnage urbain, de collecte sauvage, l'artiste réinvente la peinture d'Histoire, de la même manière que Balzac a su transformé en cycle romanesque l'épopée quotidienne de son époque.
Nicolas Bourriaud, Jacques Villeglé — Politiques. Affiches lacérées 1959-1995, 2005.

Choisir et collecter relèvent du geste artistique pour Jacques Villeglé. Il s'agit de sélectionner, de soustraire, de décontextualiser, en d'autres termes, de s'approprier une production collective et anonyme.
Tous ces messages soigneusement élaborés — qu'ils soient publicitaires, politiques, culturels ou même spontanés — sont soumis à un acte de vandalisme salutaire qui ne laisse que des bribes aléatoires. Les mots et les phrases sont ainsi fragmentés et recomposés par le hasard et le temps, ils ouvrent des brèches sémantiques éparses, souvent improbables.

Jacques Villeglé, Angle rue des Halles et du Pont-Neuf (AP 48) (Détail), 1975. Affiches lacérées marouflées sur toile. 130 x 162 cm. (Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris, © Jacques Villeglé)